Ulli Lommel, Marian Dora... Deux enfants terribles du cinéma allemand en invités de marque du numéro 37 de Sueurs Froides. Le premier pour une biographie. Le second à l'occasion d'une interview. Également au sommaire : Val Lewton, Nancy Drew,Flower and Snake, Leprechaun, entretien avec Patrice Herr Sang.
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Piroschka : La comédie est une chose sérieuse

Durant les années 50 et l’ère Adenauer, l’Allemagne produisait essentiellement des films de terroir ou des comédies populaires conservatrices. Piroschka n’a rien avoir avec ces films routiniers, bien au contraire.

Nous sommes en 1925, l’étudiant Andreas est en route pour la Puszta hongroise où il compte passer ses vacances. Avec ses plaines et son mode de vie authentique et rural, la région est singulière… Le jeune homme fait un bout de chemin avec Greta qu’il invite à dîner dans une auberge de Budapest. Une fois à destination, Andreas rencontre cette fois-ci la fille du chef de gare et passe avec elle quelques semaines agréables, au point qu’il a complètement oublié Greta. C’est alors que celle-ci lui transmet un courrier et l’invite à la rejoindre au lac Balaton…

C’est avec des films comme L’auberge du Spessart (1958) et Feu d’artifice avec Romy Schneider (1954) que le réalisateur Kurt Hoffmann s’est fait un nom dans le domaine de la comédie. Mais Piroschka lui a permis de passer à la postérité.

Piroschka : La comédie est une chose sérieuse

Piroschka ne raconte pas une histoire d’amour, mais LE premier amour

Pourtant, ce n’est qu’une comédie douce qui raconte six semaines de vacances dans une famille d’accueil….

Par ailleurs, le kitsch semble constamment guetter au détour d’une séquence…

Le film livre par exemple une image un peu trop idyllique de la campagne hongroise. Les gens sont joyeux, la vie facile et l’on passe son temps à faire la fête.

Ces séquences de danses folkloriques dont l’objet est de proposer un dépaysement aux spectateurs peuvent sembler inutiles. Cependant, elles font toujours avancer l’histoire et donnent surtout le ton au film.

Andreas, quant à lui, ressemble à un grand benêt et il peut sembler difficile de s’identifier à lui. Mais son personnage permet de mettre en contraste la cordialité hongroise avec son caractère coincé hérité d’une société bourgeoise.

Le réalisateur marche sur un fil ténu mais évite sans cesse les pièges du ridicule pour livrer un film tout à fait poignant et attendrissant, renonçant constamment à la comédie pure.

Piroschka : La comédie est une chose sérieuse
Piroschka : La comédie est une chose sérieuse

Dessine-moi la mélancolie

L’histoire d’amour gagne dès lors en crédibilité et le film invite le spectateur à un investissement émotionnel plus important.

En effet, comme la fin de l’histoire est plus ou moins connue dès le départ, la légèreté des tribulations d’Andreas génère une amertume qui n’a rien de désinvolte, elle.

En conséquence, Piroschka évoque admirablement les regrets et la mélancolie que l’on ressent à l’évocation de souvenirs tendres et aimés, mais qui, pour une raison ou pour une autre, sont restés inaboutis, inachevés.

C’est ainsi que le film se termine sur une scène émouvante mais surtout inoubliable qui, à elle seule, définit admirablement l’essence même du sentiment très particulier qu’est la nostalgie, caractérisé par l’attachement à des souvenirs heureux associés à une douleur psychologique.

Cette dernière scène durant laquelle Andreas et Piroschka se retrouvent une dernière fois est d’une puissance rare.

Bien plus tard, elle fera dire à Gunnar Möller, l’acteur qui joue Andreas, que, finalement, il aurait pu se contenter de ce film puisque tous les autres dans lesquels il figure sont tombés dans l’oubli.

Piroschka : La comédie est une chose sérieuse
Piroschka : La comédie est une chose sérieuse

Chef-d’oeuvre de Kurt Hoffmann et Liselotte Pulver

Si Piroschka est une œuvre marquante, c’est aussi grâce à la présence de la pétillante Liselotte Pulver qui incarne une jeune femme pleine de vie dotée d’un charme renversant, tout en évitant à chaque fois la niaiserie.

Liselotte Pulver a toujours été la muse de Kurt Hoffmann mais on retrouvera plus tard l’actrice dans de nombreuses productions françaises, notamment à deux reprises aux côtés de Jean Gabin. Son rôle le plus marquant est sans doute celui d’une abbesse qui tombe amoureuse d’une de ses protégées dans le film La Nonne réalisé par Jacques Rivette. Elle est l’une des comédiennes suisses les plus connue au monde et Piroschka son premier grand rôle.

Ich denke oft an Piroschka – Allemagne – 1955 ; Réalisation : Kurt Hoffmann ; interprètes : Liselotte Pulver, Gunnar Möller, Wera Frydtberg…

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Article signé André Quintaine
D'origine allemande et passionné de cinéma de genre,
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