Ulli Lommel, Marian Dora... Deux enfants terribles du cinéma allemand en invités de marque du numéro 37 de Sueurs Froides. Le premier pour une biographie. Le second à l'occasion d'une interview. Également au sommaire : Val Lewton, Nancy Drew,Flower and Snake, Leprechaun, entretien avec Patrice Herr Sang.
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FantastiqueGerman splatter et amateur

Pink Rabbit – Jamais trop ambitieux

Pink Rabbit est un mélange de drame, d’horreur et de psychokiller, mais c’est aussi surtout un véritable tour de force. En effet, la réalisatrice Zetkin Yikilmis a réussi à livrer un film tenant debout malgré un budget de seulement 4 000 €… Effets spéciaux, décors soignés, étude psychologique, passages absurdes… Pink Rabbit est une œuvre généreuse qui propose également quelques passages en dessin animé démontrant que son auteure dispose de compétences dans tous les domaines.

Le film a même été tourné en anglais plutôt qu’en allemand. On peut le regretter mais cette concession lui permet d’être plus facilement accessible aux personnes qui ne sont pas familières de la langue d’Udo Kier…

Pink Rabbit - Jamais trop ambitieux

Règle n° 1 : Aie confiance en la force de ton esprit

Martha est la secrétaire d’un patron manquant totalement de compassion. L’égoïste lui refuse de partir plus tôt pour retrouver son fils. L’obéissante Martha ne sait pas dire non et abat sa journée de travail docilement. Le comble, sur le chemin du retour, elle manque de peu d’avoir un accident. C’est là qu’un homme déguisé en lapin fait irruption et lui joue un sale tour en l’envoyant faire un voyage dans la folie… À moins qu’il ne s’agisse que d’une plongée dans l’introspection ?

Prédisposée à une carrière scientifique, Zetkin Yikilmis change finalement de voie après ses études et se passionne pour l’art. Plusieurs courts et longs métrages plus tard, Pink Rabbit voit le jour. Il s’agit de son projet le plus ambitieux.

La réalisatrice s’investit totalement dans son bébé, s’accaparant de nombreux postes clés… Derrière la caméra, et même devant en assurant le rôle principal.

À l’écran, elle est moins à l’aise. Son jeu est approximatif mais surtout trop inspiré, en particulier lorsqu’elle souhaite faire preuve de cynisme ou d’humour en s’adressant au spectateur. Elle compense aisément ce petit défaut par un charme certain. Sexy, drôle, attendrissante, elle parvient à gagner la sympathie du spectateur qui se laisse agréablement prendre au jeu.

Pink Rabbit - Jamais trop ambitieux

Règle n° 2 : Chaque niveau est achevé lorsque tous les ennemis sont morts

D’autant plus qu’en fin de compte, l’interprétation tient correctement la route la plupart du temps.

Avec Claus-Peter Seifert, Pink Rabbit bénéficie d’ailleurs de la présence d’un véritable acteur. Il figure régulièrement dans des séries telles que Tatort, Le Renard ou Derrick et apparaît dans le premier sketch du métrage.

Mais c’est finalement le fameux lapin du titre qui enchante les esprits. On adore le jeu surréaliste de l’inconnu Roland Bialke, à plus forte raison parce que ses dialogues s’avèrent excellents. Les interventions saugrenues de cette version moderne de Beetlejuice font partie des moments forts du film.

Parfois, on pense aussi à Twin Peaks et à sa fameuse pièce aux rideaux rouges, en raison du découpage de l’histoire en sketches qui se déroulent de surcroît dans des pièces closes. C’est probablement dû à des contraintes budgétaires. Néanmoins, Zetkin Yikilmis se sert de cette difficulté pour générer la sensation d’une histoire bloquée dans un monde fermé. Un effet parfaitement cohérent avec l’aspect psychologique de l’héroïne.

Un aspect psychologique plutôt tordu d’ailleurs… Le voyage initiatique entamé par Martha au cœur de sa psyché lui impose de traverser différentes étapes grotesques. Dans l’une d’elles, Martha doit éliminer des rednecks maléfiques et cannibales. Dans une autre, un flic violent lui fait subir un interrogatoire pénible. À un moment, un chat lui adresse la parole… C’est le point de non-retour…

Pink Rabbit - Jamais trop ambitieux

Règle n° 3 : Ne dis jamais mon nom

Chaque partie du film est soignée malgré le budget riquiqui. Néanmoins, le second acte est le plus joli avec tout un tas de babioles s’accumulant dans un décor incroyablement chargé, tout comme le costume et le maquillage d’une voyante, interprétée par Zetkin Yikilmis elle-même. La jeune femme donne alors la réplique à son alter ego…

C’est la séquence clé du film qui donne les éléments pour comprendre ce qui se passe réellement à l’écran. Dès lors, le métrage qui s’annonçait comme un simple et amusant trip bizarroïde se transforme en réflexion sur la culpabilité. Sur ce thème, on appréciera l’approche originale de Zetkin Yikilmis laissant suggérer que, parfois, il vaut peut-être mieux vivre dans un mensonge que d’affronter la réalité et sa culpabilité. Pink Rabbit nous invite ainsi à nous interroger sur la meilleure façon d’affronter nos erreurs.

Le scénario n’est cependant pas cousu de fil blanc et d’autres interprétations sont possibles (est-ce qu’il n’y aurait pas une once de réflexion féministe dans la représentation de Martha et de tous ces hommes autour d’elle… ?)

En raison de son budget proche du néant, Pink Rabbit souffre des défauts inhérents aux productions amateures. Cependant, et même si son film a bien des défauts, Zetkin Yikilmis met tout son cœur à l’ouvrage et défend avec courage son œuvre qui ne devrait pas passer inaperçue.

Allemagne – 2022 ; réalisation : Zetkin Yikilmis ; Interprètes : Zetkin Yikilmis, Roland Bialke, Claus-Peter Seifert…



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Article signé André Quintaine
D'origine allemande et passionné de cinéma de genre,
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