Les Pucelles en chaleur : Ni dieu ni patron ni mari !

Les Pucelles en chaleur porte un titre français tellement horrible que nous n’utiliserons que le titre original pour la suite. Signé Hans Billian, l’un des ténors du porno allemand, Heiße Löcher, geile Stecher est un X solide doté d’acteurs excellents s’ébattant dans des saynètes toujours drôles, épicées et techniquement bien montées.

Ma petite entreprise…

Tout entrepreneur en herbe sait à quel point il peut être difficile de se construire une clientèle. Une véritable sinécure ! Il s’agit de chiper aux rivaux leurs clients, ce qui peut être délicat, en particulier lorsque l’on a quelques scrupules…

En conséquence, pour Judith, simple secrétaire mais la bonté même, devenir patron n’était probablement pas une option envisageable.

Jusqu’au jour où la jeune femme découvre qu’elle vient d’emménager dans un appartement dont l’ancienne propriétaire gagnait sa vie en tant que prostituée. Comme elle recevait ses habitués chez elle et qu’elle ne les a pas informés de son changement de domicile, Judith se retrouve alors à la tête d’un joli porte-feuille de clients potentiels !

Alors qu’elle a à peine emménagé, l’un des clients lui explique la situation : Marietta, l’ancienne propriétaire, touchait 1 000 DM par jour… Un rapide calcul plus tard et l’employée de bureau comprend qu’à ce tarif-là, deux jours seulement de tapin lui permettraient d’empocher le montant qui figure sur sa feuille de paie mensuelle.

Bien sûr, tout métier s’apprend et l’on ne devient pas prostituée du jour au lendemain juste en claquant de la langue. Mais les choses sont vraiment bien faites pour Judith… À croire qu’une bonne étoile veille sur elle… En effet, Marietta n’avait pas seulement pris l’habitude de filmer ses ébats en cachette, elle les commentait aussi… Entrepreneuse sérieuse, Judith décide d’approfondir ses connaissances dans son nouveau domaine de prédilection en regardant les fameuses vidéos que nous allons découvrir avec elle.

La théorie du ruissellement selon Hans Billian…

“Après la baise, le jet chaud de l’urine me chatouille si agréablement en ruisselant sur mon trou du cul brûlant… Est-ce que ça vous fait le même effet ?”

Hum…

Ne cherchez pas cette tirade dans la version française, cette réplique a été retranscrite de manière beaucoup moins fleurie. Plus généralement, la VF perd toutes les nuances, tous les jeux de mots, toute la “poésie” des dialogues qui font une grande part du charme de Heiße Löcher, geile Stecher. Force est de constater que les distributeurs de l’époque se fichaient bien des expériences sur la langue que tentaient les réalisateurs de films pornos.

Dommage car les dialogues sont d’une grande richesse, jouant expressément sur les mots et leur champ lexical… De là à dire que Heiße Löcher, geile Stecher est un film à conseiller aux germanophiles pour enrichir leur vocabulaire, il n’y a qu’un mont à franchir.

Accoupler travail et plaisir

Si Les Pucelles en chaleur est aussi agréable à regarder, c’est aussi grâce aux charmantes Martina Roll et Sylvia Brand. La première est la chevronnée Marietta, bien calée dans son métier qu’elle accomplit avec un professionnalisme qui fera plaisir aux adeptes du travail bien fait. Le second degré assumé, ainsi qu’une vision de la vie sans arrière-pensée, sans interprétation fallacieuse, ou prise de tête tordue, sont rafraîchissants au point que c’en est apaisant.

Sylvia Brand, quant à elle, est la voisine Elfriede. Selon Marietta, c’est “une jeune épouse coincée, mais si bouillonnante que sa moule dégouline toute la journée…“

Hum…

Malgré ses airs de sainte-nitouche, elle n’attend qu’une seule chose, qu’on l’invite à passer à l’action.

Hans Billian utilise principalement son personnage pour se moquer de la bourgeoisie coincée et complexée. Mais l’actrice est touchante par sa simplicité.

Patricia Rhomberg est également présente comme figurante… Peu de temps après Heiße Löcher, geile Stecher, elle deviendra l’actrice porno préférée des Allemands en incarnant la Mme Claude autrichienne dans Josefine Mutzenbacher – Wie sie wirklich war.

Les acteurs masculins sont tous excellents aussi, incarnant à chaque fois des individualités uniques et intéressantes, du jeune premier timide au Grec insatiable. On reconnaît dans la galerie la superstar Josef “Sepp” Gneissl qui répond toujours présent lorsqu’il s’agit de participer aux pornos réalisés par Hans Billian.

Travailleurs, travailleuses, on vous ment, on vous spolie…

Heiße Löcher, geile Stecher peut donner la sensation de vouloir transmettre une image positive de la prostitution. Il n’en est rien.

Ainsi, il convient de préciser que cette pochade n’a rien à voir avec la réalité et qu’elle s’inscrit dans une œuvre, celle de Hans Billian, qui voit la liberté sexuelle et l’égalité homme-femme comme étant parfaitement naturelles, seulement contraintes par une société traditionaliste et conformiste délétère.

Hans Billian règle ainsi ses comptes avec la société patriarcale et s’inscrit dans une démarche anarchiste féministe… De l’État qui ponctionne de ses impôts les travailleuses du sexe jusqu’au mari d’Elfriede, clairement pointé du doigt comme celui qui restreint la liberté de la jeune femme, il répond : Ni dieu ni patron ni mari !