Douglas Sirk et les mélodrames allemands
En octobre, l’éditeur Caprici propose un coffret comprenant sept films tournés par Douglas Sirk entre 1935 et 1937, avant qu’il ne quitte l’Allemagne pour s’installer aux USA…
Méprisé par les critiques à son époque, Douglas Sirk, de son vrai nom Detlef Sierck, a été réhabilité par les cinéastes de la Nouvelle Vague allemande des années 60 comme Rainer Werner Fassbinder par exemple. Wim Wenders a qualifié Sirk de “Dante du soap opera”. Quentin Tarantino, quant à lui, meurt d’envie de réaliser un jour un film dans le style de ses mélodrames…
Bio résumée
En 1922, alors qu’il est âgé d’une trentaine d’années, Douglas Sirk commence sa carrière au théâtre. Il met en scène sa première pièce dans la ville hanséatique Hambourg avant de partir pour Chemnitz où il devient directeur du théâtre de la ville. L’année suivante, il est chef de la troupe du théâtre de Brême. Là, il met en scène des pièces d’Arthur Schnitzler. À l’automne 1929, Sirk devient directeur du vieux théâtre de Leipzig. Peu après l’arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes en 1933, il est à l’origine de la pièce antinazie Der Silbersee qui génère des troubles provoqués par des sympathisants hitlériens qui feront finalement annuler les représentations.
En 1935, Douglas Sirk se tourne avantageusement vers le cinéma, engendrant des succès critiques autant que publics, tout en révélant des actrices comme Zarah Leander. Le réalisateur alors en odeur de sainteté en profite pour quitter l’Allemagne en 1937 avec son épouse d’origine juive.
C’est aux États-Unis qu’il se fait appeler Douglas Sirk. Après avoir été l’exploitant d’une ferme de poulets, il revient au cinéma en 1942 en livrant pour PRC le film de commande Hitler’s Madman. Acheté par la MGM, le film marque la percée de Sirk à Hollywood où il va se faire connaître pour ses mélodrames. Dans les années 50, il intègre Universal Pictures et devient un prolifique metteur en scène, faisant des mélodrames sa spécialité. En 1959, Douglas Sirk tourne son dernier film et son plus grand succès : Tant qu’il y aura des hommes, avec Lana Turner et Sandra Dee.
Les mélo allemands
De l’oeuvre de Douglas Sirk, on ne célèbre généralement que les sublimes mélodrames américains produits par Universal dans les années 1950. Mais si cette décennie se révèle effectivement l’aboutissement de son art, il serait dommage d’ignorer les films réalisés durant sa période allemande.
La Fille du marais est en réalité son premier grand mélodrame mettant en scène des protagonistes déchirés entre bonheur et mélancolie. On retrouve déjà là les prémisses de son œuvre avec, en particulier, l’authenticité de la vie à la campagne qui se confronte à l’hypocrisie de la ville.
En 1937 paraissent les deux films les plus importants de sa période allemande : La Habanera et Paramatta, bagne de femmes, confirmant sa maîtrise cinématographique. Les deux films sont tournés à l’étranger, comme s’il s’agissait pour Sirk de s’extraire de cette ambiance mortifère dont il finira par s’extirper en s’exilant la même année.
Le coffret comprend :
- April, April! (1935)
- La Fille des marais (1935)
- Les Piliers de la société (1935)
- La Neuvième Symphonie (1936)
- Du même titre (1936)
- La Habanera (1937)
- Paramatta, bagne de femmes (1937)