Dans la forêt vierge après cinq heures – jeunesse indomptable

Anna a 17 ans ; ça se fête. Elle invite ses amis mais la petite sauterie ne se passe pas comme prévu… Les parents doivent écourter leur séjour et découvrent le salon transformé en champ de bataille. S’ensuit une dispute, Anna s’enfuit… Le point de départ du film Dans la forêt vierge après cinq heures ne présage rien de bien original car tout le monde, ou presque, a connu ce genre de mésaventure… Sauf que Hans-Christian Schmid, plutôt que de nous raconter la fugue d’Anna, préfère nous révéler ce que font les parents lorsque les enfants ne sont plus là…

Il faut que jeunesse se passe et se corrige

En effet, alors qu’Anna fait ses premières expériences du monde adulte à Munich, sans travail et sans toit sur la tête, les parents, quant à eux, retrouvent leurs amis et s’organisent une petite soirée qui va leur rappeler les années 70. Pour eux, c’est la révélation. Ils constatent à cette occasion à quel point ils sont privés de la liberté dont dispose la jeunesse, ainsi que des petits excès qui vont avec. Dès lors, ils décident de se laisser aller à une soirée bien arrosée, tout en absorbant le résidu de haschisch abandonné par leur fille.

De son côté, Anna découvre à Munich un monde de mensonges, d’exploitation et de traîtrise certes, mais pas aussi dangereux que prêché par ses parents. En conséquence, les mésaventures d’Anna à Munich ne sont ni surprenantes ni spectaculaires. Elles sont juste réalistes et terriblement stéréotypées. Les garçons qu’Anna rencontre tentent tous de la séduire, ou de la mettre dans leur lit. Mais Anna s’en sort toujours sans accroc. La vie ressemble bien souvent à ces stéréotypes et les dangers auxquels nous sommes confrontés ne s’avèrent pas aussi dramatiques qu’escomptés. Le film prend alors l’aspect d’une comédie initiatique durant laquelle Anna réalise que l’expérience de la vie sans la surprotection des parents est un jalon indispensable du passage à l’âge adulte. Son voyage initiatique revêt dès lors l’aspect d’un cours pratique accéléré.

Insouciante jeunesse…

Parfois, les contraintes servent les films et c’est clairement le cas pour Dans la forêt vierge après cinq heures. Pourquoi ? Parce que le film de Hans-Christian Schmid était au départ prévu pour être diffusé à la télévision. Ainsi, la légèreté des conflits qui n’en sont pas vraiment, les situations dramatiques qui ne sombrent jamais dans la tragédie ainsi que les tensions résolues par les intermèdes humoristiques trouvent toutes leur origine dans les critères d’écriture des téléfilms.

Quoi qu’il en soit, le charme dégagé par l’aspect inoffensif du deuxième téléfilm de Hans-Christian Schmid lui a permis de bénéficier d’une sortie en salle. Pour Franka Potente, il s’agit de son premier rôle principal ; trois années plus tard, elle percera au niveau international grâce à Court Lola Court de Tom Tykwer.

Pourquoi il ne faut pas aller dans la jungle après 5 heures ? Parce que les éléphants s’entraînent au saut en parachute.

Pourquoi les crocodiles ont le museau plat ? Parce qu’ils sont sortis dans la jungle après 5 heures.

La grande réussite du film réside dans sa description du conflit de générations, soucieuse d’authenticité. La confrontation d’Anna, en quête d’expérience et d’émancipation et de son père Wolfgang, qui n’a pas toujours été aussi guindé, est attendrissante. Chacun fait un pas vers l’autre pour comprendre comment il fonctionne ; le long métrage met alors en avant l’importance du respect mutuel qui permet d’avancer ensemble. Cette sincérité est assurée par des acteurs défendant avec naturel leurs personnages, doués de surcroît pour jouer d’un humour léger et rafraîchissant.

Au final, Dans la forêt vierge après cinq heures transcende ses ambitions et l’on comprend aisément pourquoi il est devenu un petit classique de la comédie allemande.

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