Film d'amour

Rosemaries Schleckerland, maître étalon du porno de papa

Que ce soit dans l’attitude des femmes et des hommes ou dans la façon dont les ébats sexuels sont menés, Rosemaries Schleckerland démontre que les années 70 pouvaient promouvoir une pornographie autrement plus intéressante. Celle-ci n’a rien à voir avec le hardcore actuel, décrié par les mouvements féministes qui y voient, probablement à raison, une exploitation masculine d’un cynisme intolérable.

Dans le même temps, Rosemaries Schleckerland, ce n’est pas du menu fretin. D’une part, parce qu’on y retrouve Snepp Gneissl, le Ron Jeremy du porno allemand, ensuite parce que le réalisateur n’est personne d’autre que Hans Billian, considéré outre-Rhin comme l’un des grands du genre.

Rosemaries Schleckerland, maître étalon du porno de papa

Huissier de justice dans Kasimir der Kuckuskleber, Snepp Gneissl est désormais un représentant en lunettes de toilettes qui doit prendre l’avion à Münich pour se rendre en Turquie. Après avoir quitté son épouse sur le quai de la gare, il arrive dans la capitale bavaroise où son patron lui annonce que le rendez-vous est repoussé d’une semaine… Que faire ? Rentrer auprès de sa blonde ou suivre son chauffeur de taxi qui lui promet une visite des rues chaudes du Münich des années 70 où prolifèrent peep-shows, sex-shops et autres bordels ? Pour Felix, le choix est vite fait. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il manque beaucoup à son épouse… Pour compenser son absence, elle a d’ailleurs prévu de se rendre chez son amie Rosemarie, tenancière d’un bordel… à Münich…

– Pourquoi ne pas laisser les Turcs pisser dans le désert ?

– Parce que je ferais faillite avec mes lunettes de toilettes !

Rosemaries Schleckerland aligne les scènes pornographiques dans la bonne humeur. Les années 70 et sa liberté sexuelle s’affiche joyeusement sur l’écran. Les femmes et les hommes sont libres. Non pas parce qu’ils vont au bordel, mais parce qu’ils ont librement décidé de ne pas se laisser emmerder par une morale érigeant la fidélité comme la norme par excellence. L’important est de s’amuser sans retenue et sans contraindre quiconque. Ainsi, Felix démontre son empathie lorsqu’il découvre que son épouse se laisse aller à des expériences extraconjugales en compagnie des clients habitués de Rosemarie : Plutôt que de pester et de faire preuve d’autoritarisme, il accepte la situation avec compréhension. Deux charmantes dames le récompenseront d’ailleurs pour son attitude désintéressée…

Dans Rosemaries Schleckerland, on ne perd pas son temps à critiquer le capitalisme. Il suffit de deux phrases débitées en début de métrage pour démontrer que les voyages d’affaires mettent en danger les couples de la classe moyenne et aliène les pauvres à qui les bourgeois veulent vendre des lunettes de toilettes alors qu’ils n’en ont pas besoin. Contrairement à ces interminables films d’auteurs partageant sempiternellement le même constat, Rosemaries Schleckerland préfère, pour sa part, montrer l’exemple à suivre, le chemin à prendre.

Rosemaries Schleckerland – Hört sich lecker an…

Rosemaries Schleckerland, maître étalon du porno de papa

Lors de sa première partie, le film explore une sexualité innocente lorsque les protagonistes s’adonnent à des jeux de société, du genre interdit aux mineurs. Dans le premier, un jeu de memory grandeur nature, il faut user de sa mémoire, et de dextérité. Dans le second, les participants sont en compétition et le vainqueur est celui qui éjaculera le plus loin. Surprise : il n’est pas question d’humilier le dernier ou d’exalter le premier. D’ailleurs, tout le monde gagne à la fin… On ne vit décidément plus dans le même monde…

Plus tard, le film nous gratifie d’actes sexuels rarement visibles dans la pornographie actuelle : le pompon étant décroché par une séance de sodomisation masculine.

On constatera aussi que les femmes qui ne sont pas des canons de beauté sont 100% naturelles… Ainsi, attendez-vous à des poils des chevilles… au nombril.

Techniquement, le film est au niveau des meilleurs films de l’époque puisque l’interprétation est excellente tout comme la réalisation. Le scénario enlevé évite les longueurs pendant que l’action est menée tambour battant. L’ambiance est joyeuse. Plus qu’une partie de jambes en l’air, Rosemaries Schleckerland est un film qui met le sourire aux lèvres et nous fait oublier notre sinistre époque.

Pour aller plus loin, nous vous proposons de vous replonger dans une de nos précédentes critiques, Kasimir der Kuckuckskleber, mettant également en scène Sepp Gneissl dans un film de Hans Billian, réalisé un an avant Rosemaries Schleckerland


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Article signé André Quintaine
D'origine allemande et passionné de cinéma de genre,
je vous propose de découvrir différentes facettes méconnues
du cinéma allemand sur ThrillerAllee.
D'autres blogs où je suis actif :
L'Écran Méchant Loup pour les loups-garous au cinéma
Sueurs Froides pour les films de genre et d'auteur subversifs.
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