Casimir le coucou à l’attaque du surendettement
Casimir le coucou est une comédie pornographique allemande datant de 1977, réalisée par Hans Billian. Il s’agit d’un des classiques du genre Outre-Rhin, diffusé à l’époque dans le circuit des Bahnhofskinos (salles de cinéma adossées aux gares et dans lesquelles les spectateurs s’engouffraient en attendant leurs correspondances).
Casimir est huissier de justice et fait de son mieux afin que les jolies créancières puissent s’acquitter de leurs dettes. Ainsi, il leur propose de participer à des enchères au terme desquelles elles mettent à disposition leur corps lors d’orgies mémorables.
Mme Larissa Holm et sept autres femmes rencontrées par Casimir, acceptent avec joie l’offre pleine de bon sens du petit fonctionnaire puisqu’elle leur permet de s’acquitter de leurs dettes tout en y prenant du plaisir.
Tout se serait donc passé à merveille si le mari de Larissa n’avait pas trouvé le papier sur lequel la jeune femme avait écrit l’adresse de la petite surprise-partie. L’époux jaloux déboule pendant l’orgie et surprend Larissa forniquant avec deux hommes. Furieux, il porte plainte contre l’huissier de justice.
Heureusement, Casimir parvient à convaincre la juge du bien-fondé de ses intentions. Casimir est finalement relaxé, non sans avoir transformé le procès en orgie salvatrice.
Casimir le coucou bénéficie d’un charme rétro typique des années 70 que ce soit au niveau de la décoration intérieur, des costumes, ou des coiffures.
La vague de liberté sexuelle et une posture certaine contre la société de consommation imprègne également chaque image du film.
Par exemple, les hommes qui participent aux enchères ne sont pas dépeints de manière négative, à l’inverse de l’époux de Larissa. Après avoir fait irruption tout en colère pendant l’orgie qui suit les enchères, le rabat-joie met un terme à la fête, tente de nuire à Casimir en l’assignant en justice, prive sa femme de plaisir. Le film s’inscrit ainsi dans la mouvance féministe et de libération sexuelle suggérant le droit des femmes à disposer de leurs corps.
L’attaque contre la société de consommation est également évidente, elle qui incite au surendettement. Plutôt que de saisir des télévisions ou des manteaux de fourrures, Casimir essaye simplement de mettre un peu d’humain dans des logiques purement mercantiles. Il s’oppose ainsi au mari de Larissa qui ne dispose que de biens de consommation pour rendre sa femme heureuse.
Dans ce film d’amour, comme dirait Gérard Kikoïne, les actrices sont très jolies, mais Patricia Rhomberg domine largement le casting. L’actrice autrichienne venait de participer l’année précédente au classique Insatiable Joséphine (Josefine Mutzenbacher – Wie sie wirklich war), également réalisé par Hans Billian, son compagnon à l’époque. Hans Billian est l’un des plus célèbres réalisateurs de films pornographiques Outre-Rhin. Il pratiqua le genre du début des années 70 jusqu’aux années 90.
Rempli d’idées drôles et coquines (comme le ticket de saisie apposé sur le fessier de ces dames), Casimir le coucou est un film inventif et poétique, féministe, abordant le sexe d’une manière ludique et joyeuse, et s’oppose à un capitalisme aliénant et restrictif.
Kasimir der Kuckuckskleber
Allemagne – 1977
Réalisation : Hans Billian
Interprètes : : Sepp Gneissl, Patricia Rhomberg, Jane Iwanoff, Karl-Heinz Thomas…