Die Wolke de Gregor Schnitzler
Die Wolke de Gregor Schnitzler, le film, est l’adaptation du roman éponyme écrit par Gudrun Pausewang. Sorti en 1988, l’ouvrage remporta le SFCD (prix de la SF Allemande). Il devint un best-seller et un livre de chevet pour de nombreux adolescents. Ce ne fut finalement qu’en août 2005 que le tournage de l’adaptation cinématographique commença, sous la direction de Gregor Schnitzler.
Né en 1964 à Berlin, Gregor Schnitzler débuta sa carrière en faisant des photos sur des tournages puis en réalisant des clips musicaux et des publicités. En 1991 et 1992, il co-réalisa deux courts-métrages avec Eleni Ampelakiotou. L’un d’eux, Das Fenster, remporta plusieurs prix dans des festivals. Durant la seconde moitié des années 90, il travailla pour la télévision en mettant en scène les épisodes de plusieurs séries ainsi que des téléfilms. Toujours avec Eleni Ampelakiotou, il réalisa Finnlandia en 2001. Le film fit le tour des festivals du monde entier et fit beaucoup parler de lui. Tout comme d’ailleurs Was tun wenn’s brennt? et Soloalbum, que Schnitzler réalisa en solo en 2002 et 2003, restés inédits en France.
Lorsque le livre sortit en 1987, c’était un an après la catastrophe de Tchernobyl. Quand le film fut mis en chantier en 2005, vingt années s’étaient écoulées et on commençait à s’habituer au nucléaire, à devenir moins vigilant. Depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, le film démontre son évidente pertinence.
Dans la lignée des films de Sidney Lumet et Sidney Pollack, Gregor Schnitzler propose un film construit sur un suspens efficace, mais un suspens qui ne minimise pas le discours politique. Ainsi, Die Wolke s’articule autour d’une histoire d’amour, absente du livre mais qui permet au spectateur de s’identifier davantage aux personnages et donc de mieux capter le message politique.
Ainsi, si le film démontre que l’amour est plus fort que n’importe quelle catastrophe, il établit aussi que la vie peut être brutalement déviée de son cours. Le message du film, c’est que le danger nucléaire est réel, il nous menace à chaque instant et il n’appartient qu’à nous de changer la donne.
Hannah, le personnage principal du film, est une adolescente de 16 ans. Elle est heureuse et s’épanouit pleinement. Lorsque nous la découvrons, elle nage dans un lac avec sa meilleure amie, en pleine nature. Son petit frère lui joue alors un mauvais tour. Nous nous amusons insouciamment avec eux, l’ambiance est bucolique et bon enfant. Au lycée, Hannah fait tourner la tête d’Elmar. En cachette, ils échangent un premier baiser. C’est tout le portrait d’une vie idyllique qui pourrait continuer ainsi pour toujours. Mais c’est à cet instant-là que l’alarme retentit. La centrale nucléaire toute proche connaît un accident majeur.
Le matin du drame, la mère d’Hannah reprochait à sa fille de ne pas prendre ses responsabilités. À travers le personnage d’Hannah, Die Wolke expose en réalité notre responsabilité individuelle et collective face au nucléaire. Nous connaissons le danger et pourtant, nous ne faisons rien. Notre insouciance, notre nonchalance, est source de conséquences dramatiques.
Il ne faut pas se méprendre sur le final du film. Certes, notre jeune couple y retrouve l’espoir. Cependant, le ville de leur enfance est inhabitable pour des décennies et même l’amour ne peut enrayer la contamination qui s’insinue irrémédiablement dans leur corps. C’est d’autant plus triste que les moments de bonheur que connaissaient Hannah au début du film ne nécessitaient aucune énergie nucléaire.
En s’appuyant sur un genre aussi grand public que le teenie movie, Gregor Schnitzler a atteint son objectif et touché le cœur et la raison du spectateur.
Die Wolke propose de nombreuses scènes vraiment intenses. L’alarme qui retentit, l’exode qui s’ensuit et une scène de panique impressionnante se révèlent passionnantes et absolument terrifiantes. La seconde partie du film, qui se concentre sur les conséquences d’une catastrophe nucléaire et plus précisément sur les radiations, comporte également son lot de scènes touchantes. Die Wolke dispose également d’une scène très intense émotionnellement ; l’auteur n’a clairement pas choisi de faire dans la facilité pour atteindre son but.
Sans être un film exigeant, Die Wolke n’est pas non plus une œuvre de divertissement. Le film n’en met pas plein la vue. Il n’y a pas d’effets spéciaux. Seule une scène s’inscrit dans le registre du spectaculaire. Rien ne nous distrait du fait qu’un accident nucléaire détruit la vie, et ce pour toujours.
Die Wolke
Allemagne – 2006
Réalisation : Gregor Schnitzler
Interprètes : Paula Kalenberg, Franz Dinda, Hans-Laurin Beyerling, Karl Kranzkowski, Richy Müller…
Bande annonce en allemand :