L’Histoire sans fin, le film de tous les superlatifs
Avec un budget de près de 60 millions de Deutsche Mark, en 1984, L’Histoire sans fin est le film le plus cher jamais produit en Europe. À un point tel que les producteurs allemands durent aller chercher de l’argent aux États-Unis auprès de la Warner.
Ainsi, L’Histoire sans fin est devenu le film de tous les superlatifs…
Il a fallu près de deux années de travail aux brillants artistes Brian Johnson (Alien, Le Dragon du lac de feu), Colin Arthur (2001, Conan le Barbare) et Giuseppe Tortora (King Kong, E.T.) pour créer les effets spéciaux de L’Histoire sans fin et les créatures fantastiques du monde de Fantasia : l’elfe nocturne, l’escargot véloce, la chauve-souris lymphatique, le prodigieux mangeur de pierres, les représentants du peuple à la cour de Fantasia… Cette faune aussi disparate que saisissante peuple un univers immense et féerique s’étendant de la forêt de Haule aux marais de la désolation, en passant par les portes magiques.
Comme les prises de vue à l’écran bleu étaient nombreuses, il fallut construire le plus grand fond bleu du monde aux studios munichois de Bavaria.
La conception du chaos, le néant, a nécessité, quant à elle, l’utilisation des plus grands réservoirs du monde afin de créer des nuages artificiels dont les tests ont duré près d’une année.
Parmi les décors construits, citons la Terrasse de la Tour d’ivoire qui s’étendait sur 2 000 mètres carrés.
Une histoire féerique qui amène à la réflexion
Depuis que sa mère est décédée, Bastien vit seul avec son père autoritaire. Il trouve refuge dans des romans d’aventure qui lui permettent de s’évader et d’échapper aux responsabilités de son monde.
Un jour, alors qu’il se rend à l’école et qu’il est harcelé par des camarades de classe, Bastien trouve refuge dans une librairie tenue par un intrigant bouquiniste. Celui-ci fait découvrir à l’enfant un livre extraordinaire permettant aux rêves de l’enfance de se réaliser.
Bastien emprunte le livre, commence sa lecture et découvre que le monde fabuleux et démesuré de Fantasia est sur le point de disparaître dans l’oubli.
Un projet qui échappe à l’auteur
En 1981, le producteur Dieter Geissler se voit remettre le roman signé Michael Ende. Intéressé, il rencontre l’auteur. Celui-ci accepte de céder les droits de son roman à la condition qu’il puisse se charger du scénario.
À ce moment-là, L’Histoire sans fin devait être un film à petit budget et aux effets spéciaux limités. Comme les ventes du livre s’envolent, Geissler décide de confier le contrat à la Neue Constantin qui, elle-même, fait appel à la major américaine Warner-Columbia.
Les producteurs américains changèrent finalement beaucoup d’éléments du scénario de Michael Ende, suffisamment en tout cas pour que celui-ci demande à ce que son nom soit retiré du générique.
Selon lui, toutes les difficultés posées par le livre ont été purement et simplement supprimées. Certes, visuellement, le film est magnifique, mais comme le dit Ende, l’imagination, la profondeur, le sérieux et le sens artistique qui étaient dans le livre, ont payé le prix de cette perfection.
Dans le roman, une fois que Fantasia est détruite, Bastien doit la reconstruire par ses propres moyens, et il en apprend long sur lui-même pendant le processus. Ainsi, le film fait également l’impasse sur l’évolution intérieure du jeune héros. Pire, Bastien se contente de chevaucher le dragon comme s’il s’agissait d’une attraction échappée de Disneyland.
Par ailleurs, alors que le Bastien du livre s’avère un avorton rêveur et grassouillet, le Bastien du film est modifié afin de faciliter l’identification et qu’il soit accepté par le public américain.
Quoi qu’il en soit, L’Histoire sans fin est un magnifique livre d’images. Et même si le message se révèle dilué, reste présente la réflexion sur les risques qui menacent notre monde s’il devait perdre sa capacité à rêver : Comme le monde de Fantasia, il serait alors englouti dans le néant et trouverait une fin à son Histoire.
Source : L’Écran Fantastique
Die unendliche Geschichte
Allemagne – 1984
Réalisation : Wolfgang Petersen
Interprètes : Noah Hathaway, Barret Oliver, Tami Stronach…
Bande annonce :
Avant de voir le film j’avais lu, dévoré, le roman de Michael Ende. J’étais alors fille aupair en Allemagne, et c’est le seul roman que j’ai lu dans sa version originale allemande de ma vie. L’édition allemande était ornée de lettres calligraphiées et les 2 univers se distinguaient par deux couleurs de police : rouge et vert. Mon édition avait beau être en poche, elle offrait au lecteur déjà un peu de magie. Je ne l’ai jamais relu en français. Quand ensuite j’ai vu le film, bien que visuellement magnifique, je l’ai trouvé très enfantin, dépouillé d’une dimension philosophique abyssale que le livre contenait.
Néanmoins j’aime beaucoup ce film mais il ne m’a jamais transcendée comme le roman. [PS je possède toujours mon exemplaire poche précieusement]