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Dans Zones humides, vous trouverez des gros mots, des sexes en érection, de la scatologie, des liqueurs d’origine humaine, des pizzas épicées de sperme, des hémorroïdes qu’il faut replacer à la main après être allé à la selle, du rasage très, très intime, de la prostitution, de l’inceste et même un voyage en images de synthèse dans le monde de l’infiniment petit au cœur de la fleur vaginale…
Derrière cette évidente volonté de choquer, on trouve d’abord l’ambition de démontrer que notre société moderne n’est pas aussi libérée qu’elle le prétend, en particulier concernant notre relation avec notre corps et celui des autres.
Les parents de Helen sont divorcés. L’adolescente de 18 ans vit avec sa mère et son petit frère. Elle rend régulièrement visite à son père qu’elle aimerait tant voir réintégrer le cocon familial. Pour le reste, la vie privée de la jeune fille est rythmée par la fête, la musique, les garçons et sa meilleure amie. Selon toute apparence, l’existence de Helen ressemble comme deux gouttes d’eau à celle que mènent sans surprise de nombreux jeunes Allemands de la classe moyenne. Mais tout est chamboulé lorsque la gamine se rend à l’hôpital après avoir sectionné une hémorroïde au cours de son rasage intime hebdomadaire. L’adolescente commence alors une description désordonnée de son existence. La série de flash-backs qui s’ensuit s’attache alors à démonter les uns après les autres tous les tabous, même ceux auxquels vous ne pensiez pas…

Film générationnel
Dans une certaine mesure, Zones humides se dessine comme un équivalent contemporain à La Folle Journée de Ferris Bueller (1986). Le chef-d’oeuvre de John Hughes se présentait comme une critique à l’encontre de la génération mai 68 qui avait trahi les idéaux des années 70. En entrant de plain-pied dans les années 70 , les révolutionnaires avaient accepté de se transformer en consommateurs, oubliant de vivre.
Zones humides, pour sa part, se veut le porte-parole de la génération suivante. Les reproches portent, cette fois-ci, sur l’émergence de l’individualisme. Une notion qui a prospéré au détriment des enfants qui doivent subir familles séparées et recomposées. Ou encore une éducation reléguée au second plan, loin derrière le développement personnel des parents…
Ainsi, alors que Ferris et son ami Cameron démontraient les travers de leurs parents désormais fidèles sujets du système, Helen, pour sa part, tente vaille que vaille d’attirer l’attention de ses géniteurs afin de les réunir à nouveau sous le même toit et former une famille heureuse.
Coup de foudre assuré
Cette Helen-là est indépendante. Curieuse et forte, elle n’a pas froid aux yeux. Elle incarne la femme libérée dans toute sa splendeur. Pas besoin de la protéger ou de la mettre sous cloche, elle se débrouille toute seule. Elle fait jeu égal avec les hommes. Mieux, elle leur tient tête, les déstabilise. Avec ses cheveux courts et ébouriffés, sa naïveté et son impertinence, c’est la femme-enfant par excellence. Mais elle peut aussi être diablement sexy, comme lorsque, dans les couloirs de l’hôpital, elle fait du roller avec sa chemise fendue dans le dos jusqu’aux fesses, sans gêne.
Si Zones humides peut aussi aisément aborder frontalement des thématiques que personne n’ose aborder, c’est d’abord grâce à la simplicité de Carla Juri. Toujours naturelle, elle permet au film de ne jamais être vulgaire.
Dès lors, Zones humides dépasse le statut de film scandaleux et se révèle précieux, fortement recommandable, voire indispensable.
La Suissesse Carla Juri est désormais une actrice d’envergure internationale. On a pu la voir dans Brimstone (2016) avec Guy Pearce ou Blade Runner 2049 (2017). Mais sa carrière n’a malheureusement pas encore connu de véritable déclic. Quoi qu’il en soit, dans le film de David Wnendt, elle s’avère assurément unique et inoubliable.

David Wnendt, spécialiste des adaptations littéraires pas comme les autres
Avec Zones humides, le futur réalisateur de Il est de retour (2017), adapte un autre succès littéraire qui avait également défrayé la chronique en 2008.
Dans son best-seller écoulé à plus de 1,3 million d’exemplaires, Charlotte Roche aborde de manière explicite et provocante des thèmes comme le dégoût et la sexualité. L’objectif de l’auteur était de parler ouvertement de thèmes gênants en expliquant que ces tabous avaient une influence néfaste sur la vie et la sexualité des femmes.
Le film de David Wnendt ne contient pas toute la richesse du livre. Il parvient néanmoins à faire passer l’essentiel en dénonçant toutes les idéologies qui nous empoisonnent la vie : moralité, clichés sexuels, religions…
Et avec la même volonté de déranger. Un pari dangereux car, contrairement à la littérature, le cinéma est un spectacle qui se vit à plusieurs. Heureusement, les salles obscures permettent de cacher son embarras…
Plus c’est dégoûtant, plus c’est drôle
Le métrage contient effectivement des épisodes absurdes et des expériences grotesques qui ne manqueront donc pas de faire grincer des dents. Mais ces passages embarrassants se voient vite éclipsés par l’humour, ludique, même si le ton est parfois sombre.
Dans tous les cas, pour les personnes qui se prêteront au jeu (en Allemagne, elles étaient nombreuses puisque Zones humides est le film qui a été le plus vu en salle en 2013), le métrage pourra se révéler un excellent exercice afin de découvrir ce qui le dérange le plus.
Informations complémentaires :
Le métrage contient effectivement des épisodes absurdes et des expériences grotesques qui ne manqueront donc pas de faire grincer des dents. Mais ces passages embarrassants se voient vite éclipsés par l’humour, ludique, même si le ton est parfois sombre.Le métrage contient effectivement des épisodes absurdes et des expériences grotesques qui ne manqueront donc pas de faire grincer des dents. Mais ces passages embarrassants se voient vite éclipsés par l’humour, ludique, même si le ton est parfois sombre.fdsfds
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Il est de retour de David Wnendt
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