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Hagen est l’adaptation du roman de Wolfgang Hohlbein Hagen von Tronje, paru en 1986, s’inspirant d’éléments des Nibelungen, légende relatant les exploits du chevalier Siegfried qui devient (presque) invincible après s’être baigné dans le sang du dragon qu’il a abattu. Le roman, pour sa part, préfère mettre en avant le personnage de Hagen, l’écuyer du roi…
Le roi Dankrat vient de mourir. Son fils, l’inexpérimenté Gunter monte sur le trône. Héritier d’un royaume en déclin, il fait appel à Siegfried von Xanten pour lui prêter main forte. La fille du roi, Kriemhild, tombe alors amoureuse du jeune et impétueux tueur de dragons, provoquant le désarroi de Hagen. Alors qu’un dangereux voyage pour s’assurer le soutien de la valkyrie Brünnhilde se prépare, Hagen doit choisir entre sa fidélité au roi et ses sentiments.
Auteur de romans de fantasy, science-fiction, horreur et thriller, Wolfgang Hohlbein écrit même des livres pour les enfants. C’est l’un des auteurs les plus vendus en Allemagne. Pour le moment, ses récits se voient surtout adaptés outre-Rhin en livres audio. En France, la saga La Chronique des immortels a bénéficié d’une traduction, tout comme la série Opération Nautilus où des adolescents mettent la main sur le célèbre sous-marin imaginé par Jules Verne.
C’est en 1986 que Wolfgang Hohlbein écrit Hagen. L’époque est alors favorable à l’heroic fantasy et au film d’aventure historique. Ainsi, au cinéma, des œuvres comme Excalibur (1981), Conan le Barbare (1982), La chair et le sang (1985) ou encore Ladyhawke (1985) font recette dans les salles. À l’image de ces films qui ont marqué les années 80, Hagen dispose de paysages brumeux typiquement européens. Le tournage n’a pourtant pas pris place en Irlande, en Espagne ou en Italie comme ses illustres prédécesseurs, mais la République tchèque et ses paysages brumeux démontrent de belle manière que le vieux continent peut parfaitement offrir son hospitalité au cinéma à grand spectacle. Quant à l’Islande qui accueille le scénario au moment de faire intervenir Brünnhilde la Valkirie, la terre de feu et de glace donne carrément l’impression au spectateur d’avoir changé de planète.
Pour mettre en images ces splendeurs européennes, la photographie signée Philip Peschlow est belle. Toutefois, à la faveur d’un scénario multipliant les intrigues et l’action, le film n’est jamais contemplatif. Mouvementé, le rythme du métrage rappelle d’ailleurs celui d’un feuilleton, ce qui s’explique par le fait que le film a également bénéficié d’une diffusion à la télévision allemande après avoir été découpé en plusieurs épisodes.
Par ailleurs, les réalisateurs Cyrill Boss et Philipp Stennert ne perdent pas de temps à présenter les différents protagonistes de l’histoire, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils aient été brossés à la va-vite. Ils s’avèrent même plus intéressants que le suggère la première impression, à l’instar du personnage de Siegfried… Pour dépeindre un héros aussi mythique, l’acteur choisit l’insolence. Cette modernité agace alors par son aspect anachronique. Mais il ne faut pas s’arrêter aux apparences et la figure incarnée par Siegfried gagne en prestance au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire.
Les autres protagonistes se révèlent plus faciles à appréhender sans pour autant se révéler superficiels… Le roi et ses frères sont ainsi parfaitement défendus par leurs acteurs respectifs et les choix qui les animent jouent un rôle dans le film, leur évitant de n’être que de simples faire-valoir.

Bien sûr, le personnage de Hagen s’avère le plus important du film. Gijs Naber joue un écuyer adoptant l’attitude impassible d’un homme dont la reconnaissance envers la famille qui l’a adopté l’oblige au sacrifice de sa propre personne. Ses yeux, pourtant, expriment toute la souffrance de voir celle qu’il aime depuis son enfance tomber amoureuse de Siegfried. La prestation du Néerlandais s’avère touchante, et permet surtout au film de célébrer la morosité et l’humilité plutôt que l’esbroufe et l’arrogance. À cette occasion, le film de Cyrill Boss et de Philipp Stennert se montre résolument moderne en opposant Hagen, toujours soucieux d’éviter la guerre, à Siegfried qui, se sachant invincible, a tendance à préférer la violence pour régler les problèmes.
Autant d’éléments qui enrichissent grandement l’histoire d’un film de genre néanmoins sans prétention. Au final, Hagen est une superbe œuvre d’aventure, belle et somptueuse, faisant honneur à ses origines européennes, laissant également rêveur devant la source intarissable que représente, pour le cinéma de genre allemand, la bibliographie de Wolfgang Hohlbein.
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