Cœur de pierre (1950) – le vrai bonheur se cache dans votre cœur
En 1946, les Soviétiques décident de créer un outil pour dénazifier la RDA, la DEFA. Au final, la DEFA produira 850 films entre 1946 et 1990. Parmi eux, Cœur de pierre, réalisé par Paul Verhoeven.
Paul Verhoeven, réalisateur homonyme du célèbre réalisateur de La chair et le sang et de Total Recall, se voit d’abord embauché par la DEFA pour réaliser un film de danse. Mais celui-ci se trouve annulé car trop proche des Chaussons rouges de Michael Powell. Finalement, Paul Verhoeven met en chantier Cœur de pierre, premier film en couleur de la DEFA. C’est aussi le film le plus connu du réalisateur et le plus estimé de la critique. Le succès public de Cœur de pierre incitera même la DEFA à produire toute une série d’adaptations de contes de fées, comme L’histoire du petit Muck qui est également l’adaptation d’un conte de Wilhelm Hauff.
Peter est charbonnier et il est pauvre. Ce n’est pas un problème, jusqu’au jour où le mariage avec la douce Lisbeth se concrétise. Maintenant, il a besoin d’argent. C’est pourquoi il se rend dans la Forêt-Noire pour rencontrer le petit homme de verre, le bon esprit de la forêt qui exauce les vœux. Celui-ci lui en accorde trois, tout en conseillant à Peter d’en garder un en réserve pour plus tard. Peter, impétueux, n’écoute pas. Comme il ne conçoit pas la valeur de l’argent, il formule trois vœux crétins. En outre, il perd stupidement l’argent au jeu. Dépité, il se rend cette fois-ci auprès du Michel-Hollandais, un esprit bien plus retors que le premier. Celui-ci promet à Peter beaucoup d’argent s’il accepte d’échanger son cœur contre une pierre…
Cœur de pierre porte un message aussi simpliste qu’universel… Le vrai bonheur ne se trouve pas dans les biens matériels mais dans votre cœur… Ainsi, la quête de richesse et de biens matériels n’est pas compatible avec légèreté, cordialité, honnêteté, indulgence, sollicitude…
Rien de bien savant. Pour autant, le film n’est pas naïf ou superficiel. En effet, après une introduction délibérément frivole avec des danses et les sottises de Peter, la tonalité change brusquement dès que le garçon se rend dans la forêt. Les arbres morts et les sombres bosquets tourmentés par la tempête ne sont pas des plus rassurants.
Plus tard apparaît le Michel-Hollandais, un géant laid et sournois, au rire horrible. Peter lui remet son cœur battant. Lorsque le drame inévitable survient avec la mort de Lisbeth, sa bien-aimée, la situation devient tragique. Et on imagine aisément que les petites têtes blondes allemandes de l’époque ont dû être surprises.
Ainsi Cœur de pierre s’avère marqué par une tonalité sombre. Cette spécificité surprenante pour un film pour enfants se révèle également bénéfique pour le film. En effet, les nombreux drames qui se déroulent tout au long du métrage lui permettent de ne pas vieillir et de rester captivant encore aujourd’hui. Au final, si la morale servie par Paul Verhoeven n’est ni facile ni simpliste ou infantilisante, c’est parce qu’elle fait preuve d’une évidente maturité.
RDA - 1950 - Paul Verhoeven
Titres alternatifs : Das Kalte Herz
Interprètes : Lutz Moik, Hanna Rucker, Paul Bildt, Paul Esser, Lotte Loebinger, Alexander Engel, Hannsgeorg Laubenthal, Karl Hellmer