L’Histoire du petit Muck – parabole sur le sens de l’amitié
Le film, L’Histoire du petit Muck, est considéré comme l’un des plus grands succès des films pour enfants produits par le studio DEFA en RDA. Les 13 millions de spectateurs qui ont acheté un billet pour voir le film dans les années 50 acquiesceront probablement, tout comme les spectateurs contemporains qui découvrent le film aujourd’hui encore. Car, en effet, touché par la grâce, le film de Wolfgang Staudte a hérité de cette magie qui caractérise les grands contes de fées intemporels.
À l’origine, on trouve un conte écrit par Wilhelm Hauff publié en 1825… L’histoire se déroule dans une ville d’Orient. Un vieux bossu est le souffre-douleur d’une bande d’enfants qui le poursuivent dans la rue. Le voilà qui trouve refuge au-dessus d’une étagère. Piégé, il décide de raconter son enfance aux bambins afin de leur faire découvrir l’histoire de celui qui était alors surnommé le Petit Muck… C’est ainsi que l’on découvre qu’à la mort de son père, chassé par les siens, le Petit Muck s’est enfui dans le désert à la recherche du “marchand qui vend de la chance”. À la place, il rencontre une vieille sorcière qui tente de le réduire en esclavage.
La chance semble enfin lui sourire lorsqu’il tombe sur des pantoufles magiques permettant de courir très vite, ainsi qu’une baguette capable de dénicher les trésors cachés. Grâce à ces objets, il s’impose à la cour du sultan. Les jaloux et autres envieux n’ont pas dit leur dernier mot mais les événements finissent pas sourire au Petit Muck qui, de surcroît, trouve le moyen d’apporter le bonheur à ses proches.
Un voyage fantastique à travers l’Orient
Les qualités du film sont évidentes et sautent aux yeux. D’une part, il y a cette galerie de personnages : Le garçon impertinent à la tête d’une bande d’enfants et qui va finalement entendre raison, le messager du sultan qui laisse sa place au jeune Muck plus rapide que lui, la terrifiante sorcière qui veut exploiter Muck, le Sultan, évidemment stupide et manipulé par ses conseillers, etc.
Les trucages de l’époque enchantent, le faste des costumes subjugue. Les décors dépaysent, nous entraînent dans un royaume des 1001 nuits fantasmé. Quant aux visages brunis par le maquillage, ils nous transportent dans une époque naïve où le cinéma pouvait se permettre ces raccourcis. Les nombreuses péripéties charment par leur simplicité. La musique, enfin, n’est pas en reste pour nous entraîner dans l’émerveillement que procure le film et ses images.
L’interprétation est excellente mais c’est naturellement Thomas Schmidt dans le rôle du jeune Muck qui ravit tout le monde. Enfant solitaire au début du film, il devient ensuite orphelin par la force des choses. Il ne se laisse pas abattre, croit en son étoile. Son personnage évolue constamment de manière cohérente et intéressante, une progression individuelle mais également collective puisqu’elle profite à tous ceux qui croisent son chemin. À l’âge adulte, l’acteur Thomas Schmidt abandonnera cependant le cinéma pour se consacrer à la science et à la médecine… Quelle drôle de décision.
Un conte de fée est-allemand
L’histoire du petit Muck ne se contente pas de convaincre sur le plan esthétique. Le scénario est cohérent et divertissant. Il est composé de diverses situations toujours ludiques, s’attachant à démontrer la supériorité de la connaissance et de la bienveillance sur le jugement hâtif. L’importance de l’égalité pour accéder au bonheur est aussi une thématique abordée. Le métrage se permet également de critiquer avec ironie et philosophie l’État et ses représentants qui profitent d’une vie oisive tout en administrant celle des citoyens. Capables de déclarer une guerre sans raison, ils sont de véritables parasites.
Wolfgang Staudte, l’un des plus importants réalisateurs allemands de l’après-guerre (il est le premier à avoir mis en scène la Seconde Guerre mondiale avec Les assassins sont parmi nous en 1946), livre une histoire évitant judicieusement d’être moralisatrice ou donneuse de leçons. Elle se contente de transmettre ses valeurs que tout un chacun devrait partager : ne pas se fier aux apparences, car chaque personne est unique et essentielle.
Die Geschichte vom kleinen Muck – RDA – 1953 ; Réalisation : Wolfgang Staudte, Interpètes : Thomas Schmidt, Johannes Maus, Friedrich Richter, Trude Hesterberg, Alwin Lippisch, Silja Lesny…
Bande annonce
Le conte lu, en allemand, par Kati Winter Märchenwelt (qui osera encore dire que l‘allemand n‘est pas une langue belle, chantante, et entraînante) :
Tag der Einheit
Chaque année, en octobre, ThrillerAllee publie la critique d’un film est-allemand pour célébrer le jour de l’Unité allemande (Tag der Deutschen Einheit), En effet, le 3 octobre est la fête nationale allemande, jour anniversaire de la réunification du pays. Nous vous conseillons :
J’adore ce genre de films, semblable aux ‘pohadky’ tchèques! Merci pour la découverte !
Une découverte en entraîne une autre… Je ne connaissais pas les pohadky tchèques… dont seuls Le Boulanger de l’Empereur et L’Empereur du Boulanger semblent avoir bénéficié d’une sortie DVD ? (et depuis le temps, la galette doit être épuisée)…