Dans la poussière des étoiles – psychédélique fabriqué en RDA
Film grand public, inédit dans nos contrées, Dans la poussière des étoiles, produit par la RDA, est aussi un film psychédélique, proche de l’expérimental…
La RDA ne dispose pas d’une grande tradition dans le domaine de la science-fiction, contrairement à d’autres pays du bloc de l’Est, comme la Pologne ou l’Union Soviétique. Dans la poussière des étoiles est donc une exception à la règle, une curiosité qu’il convient de prendre comme telle, à l’instar d’Eolomea, par exemple.
Un vaisseau de la planète Cynro répond à un appel de détresse provenant de la planète Tem. Au moment d’atterrir, le vaisseau, victime de perturbations, manque de peu de s’écraser. Sous la direction d’Akala, une délégation est reçue à Tem par Ronk, un officier dont la cordialité n’est pas la principale qualité. Celui-ci assure que l’appel à l’aide a été envoyé par accident et invite ses hôtes à prendre le chemin du retour dès que possible. Les Tem retournent donc à leur vaisseau, vexés par le manque de considération qui leur a été témoigné.
Craignant que les cosmonautes de la planète Cynro ne se doutent de quelque chose, le chef des Temen décide alors d’organiser une fête et d’inviter les visiteurs avant leur départ, histoire de leur montrer un visage plus accueillant.
Lorsque ses compagnons reviennent de la fête, Suko resté seul dans le vaisseau spatial est surpris par le changement d’attitude. Insouciants, joyeux, ses camarades cyn en ont presque oublié l’objet de leur venue.
Soupçonneux, Suko décide de survoler la planète avec un vaisseau de reconnaissance. Ainsi, il découvre une mine dans laquelle travaille les Turis, les véritables habitants de la planète, transformés en esclaves par les Tem…
Dans la poussière des étoiles est souvent très classique. Parfois, cependant, il dépasse les frontières du bizarre et le surréalisme n’est pas loin.
Par exemple, après l’atterrissage sur la désertique Tem (pour des raisons que l’on imagine économiques), les cosmonautes font la connaissance des autochtones et de leurs coutumes. Ainsi, ils se voient offrir des vaporisateurs bleus et rouges à actionner dans la bouche. Sauf que personne ne prend la peine d’expliquer que les rouges sont épicés. L’un des protagonistes s’étrangle et se voit moquer par ses hôtes.
Plus surprenant encore, le dirigeant de la planète Tem est peut-être l’un des dictateurs les plus timbrés du cinéma de SF. Il n’a pas de nom, on l’appelle le chef. Il colore ses cheveux en bleu avec un vaporisateur et il joue pendant des heures avec une console qui lui permet de faire danser de jolies femmes à différentes vitesses. Narcissique (son QG est entouré de miroirs), le leader des Tems est également puéril.
D’ailleurs, il n’impressionne nullement Akala qui dirige les cosmonautes cyn. Akala est une femme, ce qui participe également au charme du film. Dans la poussière des étoiles se démarque en effet des films américains qui, jamais, ne se seraient permis un tel affront au machisme qui les animent.
Enfin, terminons, sur une scène fort jolie, en ombres chinoises, dans laquelle une Cyn, encore sous l’effet des drogues qu’elle a ingérée à la fête organisée par les Tem, danse nue sur une musique jazz.
Le film se permet également quelques critiques fondamentales de la société de consommation occidentale, en particulier à la suite de l’invitation des Cyn à une fête organisée par les Tem… Avec leurs salopettes en cuir rouge vif, les visiteurs de Cynro se mêlent à la population locale. Ils goûtent aux boissons et aux vaporisateurs distribués sur des plateaux par de jolies jeunes Tem, légèrement vêtues qui dansent de manière suggestive sur une musique électronique moderne, pendant que des serpents rampent sur les tables.
Insouciants, les Cyn ne se rendent pas compte qu’ils ont droit à un traitement spécial : un lavage de cerveau en bonne et due forme. En en effet, au retour, les Cyn se sont tellement amusées, qu’ils en ont oublié le but de leur visite. La critique de la société capitaliste et de sa quête du plaisir fade et plat nous renvoie ainsi au Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley. Plus loin, lorsque l’on rencontre les habitants originaux de la planète Tem vivant sous terre et travaillant comme des esclaves, c’est à un autre classique de la SF que l’on pense : La Machine à explorer le temps de H. G. Wells.
Dans la seconde partie, le film bascule dans un profond pessimisme lorsque l’équipage Cyn doit passer à l’action et venir en aide au peuple autochtone transformés en esclave. Les Cyns, réalistes, savent que les Tems sont trop puissants pour être chassés. Ainsi, le film se termine sur un statu quo. Les esclaves restent opprimés. Une situation impensable dans un film hollywoodien où l’on aurait tôt fait de montrer les américains chasser les envahisseurs et libérer le peuple brimé. Mais il y a une différence entre la propagande et la réalité.
RDA - 1976 - Gottfried Kolditz
Titres alternatifs : Im Staud ber Sterne
Interprètes : Jana Brejchova, Ekkehard Schall, Milan Beli, Sylvia Popovici, Violetta Andrei, Leon Niemczyk, Regine Hentze, Stefan M. Nraila