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Comme dans tout film d’amour, Alma, l’héroïne du film de Maria Schrader, finira par tomber amoureuse de son bel étalon artificiel, fabriqué et programmé pour la séduire. En définitive, le plus remarquable dans Je suis ton homme, c’est la description du mécanisme qui mène à l’amour…

Alma est une scientifique berlinoise. Sceptique envers tout ce qui concerne l’intelligence artificielle, c’est la personne idéale pour tester le robot humanoïde Tom, configuré pour devenir le compagnon idéal de ces dames. Le beau brun aux yeux bleus, doté d’un charme et d’un accent british irrésistibles, parviendra-t-il à briser la glace ?
Physiquement, Tom est superbe. Il sait même se montrer cultivé et serviable. Cerise sur le gâteau, il connaît les gestes qui sauvent, bien utiles en cas d’accident de la vie domestique. Cette perfection fait de lui un humain idéal. Ne dit-on pas pourtant que l’erreur est humaine ?
En tant que singe savant, Tom n’évoque finalement que peu d’intérêt. Il s’avère même plutôt agaçant. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il tente de se faire passer pour ce qu’il n’est pas : un Homme. L’imposture agace Alma.

D’ailleurs, il faudra bien que Tom soit perfectible pour éveiller l’intérêt d’Alma. Mais ce n’est pas parce que votre partenaire fait des erreurs que l’on tombe amoureux. En effet, personne ne va s’amouracher de Chatgpt parce qu’il dit des âneries à longueur de conversation…
Toutefois, Tom sait ce qu’il faut dire et faire pour rendre heureuse son Alma. Il a été informé de ce qu’elle désire le plus au monde. Il n’en ressort pourtant rien de très original. Rien qui ne soit insurmontable à programmer. Au point que la flatterie s’avère vite télécommandée. Déçue, Alma se lamente : « Ils ont scanné mon cerveau et ce qui est en ressort, c’est un romantisme de cliché. »
Autrement dit, Je suis ton homme nous explique que l’on ne peut pas programmer le coup de foudre. Logique, car on ne mesure pas l’amour à ce qu’on dit pour faire plaisir, mais à ce qu’on décide de faire. En d’autres termes, l’amour est une question de décisions ainsi que de volonté. Ainsi, il faudra que Tom refuse quelque chose à Alma pour qu’il démontre qu’il est doté d’une spécificité humaine qui va la séduire : le libre arbitre.
Lorsque l’être programmé pour vous servir refuse de vous obéir, on tombe dans l’irrationnel. À ce moment-là, tout peut arriver. La curiosité s’éveille et c’est ainsi que Tom capte l’attention d’Alma. Pour l’IA, il ne reste plus qu’à exploiter cette brèche. Une faille d’autant plus facile à cultiver que la jeune femme ne sait plus ce qui est artificiel ou pas.

Pourtant, Alma s’y connaît en univers factice. Elle qui vit dans le grand Berlin bétonné au coeur d’un quartier conventionnel, travaille dans un domaine de recherches qui n’intéresse personne, occupe un bureau convenu remplis de gentils collègues frelatés… Alma s’avère tout aussi artificielle d’ailleurs en se montrant si peu intéressée par les deux grandes aventures de la vie qu’incarnent l’amour et la possibilité de fonder une famille. D’une certaine manière, Tom le robot apparaît parfaitement à sa place dans l’univers convenu d’Alma.
Maria Schrader semble avoir trouvé sa voie en tant que metteur en scène, elle qui depuis 1989 s’échinait principalement comme comédienne dans diverses œuvres plus ou moins négligeables. Je suis ton homme a même permis à son actrice principale, Maren Eggert, de remporter le Deutscher Filmpreis de la meilleure actrice en 2021.
Avec Je suis ton homme, la réalisatrice propose une œuvre calme et légère, joliment accompagnée au piano. Il est possible d’envisager l’aventure d’Alma comme une simple histoire d’amour singulière sans se prendre la tête. Mais on peut aussi s’amuser à déconstruire le scénario et à se projeter dans l’avenir…
En effet, la question n’est plus de savoir si l’on peut tomber amoureux d’un robot : Tom a réussi là où tous les hommes ont échoué. Sans surprise d’ailleurs puisque, depuis leur apparition, les robots n’ont eu de cesse de nous remplacer dans les tâches les plus ingrates. Pourquoi échoueraient-ils dans le domaine de l’amour ? Je suis ton homme questionne de manière intéressante et titillante ce progrès qui nous entraîne, qu’on le veuille ou non, vers un avenir incertain. Tout comme le suggère la fin ouverte voyant Tom emporter Alma vers un destin inconnu…
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Bandits (1997) – Vivre libre ou mourir