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La Vague : Le cercle des nazis disparus



La jeunesse du réalisateur de la Vague (2008), Dennis Gansel, a été marquée par ses discussions avec son grand-père qui soutenait le gouvernement nazi. Ces échanges lui ont permis de comprendre que l’attrait pour le fascisme était une affaire de séduction et de psychologie.

Pour Gansel, l’expérience menée en 1969 par le professeur d’histoire Ron Jones est un excellent moyen de démontrer sa découverte. Le professeur américain avait mis ses élèves en situation afin de leur faire comprendre comment les citoyens allemands avaient pu laisser le parti nazi procéder au génocide de populations entières.

Pour mener à bien son expérience, Ron Jones avait fondé un mouvement nommé « la Troisième Vague » dont l’idéologie vantait les mérites de la discipline et de l’esprit de corps, et visait en réalité à la destruction de la démocratie, considérée comme un mauvais régime ; en effet, la démocratie met l’accent sur l’individu plutôt que sur la communauté…

La Vague : Le cercle des nazis disparus

La chemise est blanche mais le fond reste brun

L’action du film se déroule dans un lycée allemand. Une semaine thématique sur les régimes politiques est organisée. L’anarchie et le fascisme sont au programme.

En raison de sa fréquente mobilisation dans les manifestations du premier mai, Rainer, petit professeur de sport, pense qu’il est la personne toute désignée pour vanter les mérites de l’anarchie.

Mais, contre toute attente, il hérite du fascisme.

Face à des élèves blasés par le sujet, il décide de tenter une expérience : créer un esprit de corps parmi ses élèves dont l’intense solidarité se nourrirait de l’exclusion des réfractaires.

Le résultat de l’expérience, dont l’ambition est de démontrer que nous pouvons tous sombrer à un moment ou un autre dans le fascisme, va s’avérer particulièrement concluant…. Les élèves vont se prendre au jeu, tout comme le professeur !

La Vague : Le cercle des nazis disparus

Le fascisme n’est plus un danger car nous sommes bien trop éclairés

On pourra reprocher quelques facilités au film cherchant à séduire un public jeune avec son école qui ressemble plus à un établissement américain qu’allemand et la présence d’une musique rock pop rythmant le film. L’esthétique clipesque du métrage n’est cependant pas désagréable, permettant à La Vague de bénéficier d’une forme plus digeste, malgré le message politique difficile.

Quoi qu’il en soit, ces compromis au mercantilisme expliquent pourquoi le film n’a pas reçu de distinction notable… Ainsi, La Vague n’a hérité d’aucun prix au festival de Sundance où il a pourtant été présenté. De même, pour représenter l’Allemagne aux Oscars, on lui a préféré La bande à Baader.

Il faut cependant saluer le choix de la thématique car, dans les années 2000, la critique du fascisme n’avait rien de très sexy et gavait tout le monde, surtout en Allemagne où la réunification était au centre des préoccupations. Le début du métrage dresse d’ailleurs un portrait très honnête de la position que l’on pouvait avoir vis-à-vis de la question à l’époque… Questionné sur le fascisme, le désintéressement exprimé par les jeunes protagonistes du film était alors très tendance…

Le pari des producteurs s’est finalement avéré payant puisque le message du film a été transmis à plus de 2,5 millions de spectateurs, hissant le film à la 10e place du box-office.

La Vague : Le cercle des nazis disparus

La fin de l’innocence

Parmi les deux systèmes présentés par le film, l’anarchie est disqualifiée dès le début. En effet, elle est incarnée par le petit professeur de sport, dépeint comme un bouffon lors de la toute première scène du film durant laquelle on le voit dans sa voiture chanter à tue-tête le Rock’n’roll high school des Ramones. La suite l’installera définitivement comme un clown puisqu’il va se prendre au jeu et devenir un véritable petit dictateur, bien éloigné de ses convictions d’origine…

La Vague est donc un film qui promeut indirectement et subtilement la démocratie (système pour lequel aucune présentation et débat ne sont prévus pour les élèves) et dont la modération permet aux différentes communautés de vivre en parfaite harmonie. Dans les années 2000, la disparition du communisme et la justesse des guerres menées afin de propager le système sur la planète ne disaient pas autre chose.

La Vague : Le cercle des nazis disparus

Mais le message premier du film est de nous alerter sur le fascisme qui peut ressurgir à l’occasion de n’importe quel événement. On ne devient pas fasciste du jour au lendemain. C’est un processus et il peut se mettre en place rapidement (le film se déroule sur une semaine)…

Les étapes sont clairement définies par le film… Il suffit donner un nom au groupe, de s’accorder sur des signes de reconnaissance, de désigner des ennemis et les débordements au nom de la sauvegarde de la communauté peuvent avoir lieu en toute sérénité, puisque acceptés par la majorité.

Die Welle
Allemagne – 2008
Réalisation : Dennis Gansel
Interprètes : Jürgen Vogel, Frederick Lau, Max Riemelt, Jennifer Ulrich, Christiane Paul…

Retrouvez Frederick Lau, jeune paumé de la Vague et nouvelle star du cinéma allemand dans Victoria :

Berlin la nuit, en temps réel : Victoria de Sebastian Schipper


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Article signé André Quintaine
D'origine allemande et passionné de cinéma de genre,
je vous propose de découvrir différentes facettes méconnues
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