Les courts-métrages de René Schweitzer
Après avoir fait du journalisme pour divers magazines de musique, publié son premier roman en 2010 (Das Ende des Sommers – La fin de l’été) et le second en 2013 (Kaputt – roman sur les gangs traduit en anglais), René Schweitzer se met à la réalisation de courts métrages dans le cadre d’études de cinéma. Ses films font le tour des festivals à travers le monde…
Dans Die Schwarze Kapelle (2014), une équipe de tournage s’intéresse aux histoires effrayantes qui circulent à propos de la tristement célèbre chapelle Pollingsrieder, cachée au fond des bois et entourée de cinq puits fermés par des grilles. Reliés entre eux, les puits forment un pentagramme… des cadavres auraient été enterrés dans les environs durant la Grande Peste et une petite fille aurait été tuée dans l’un de puits. Cette chapelle qui se trouve au sud de Münich, également surnommée la Chapelle de la Peste (Pestkappelle), est mise en image dans un joli noir et blanc. Le film joue sur le mystère, sans donner de réponse…
René Schweitzer a également écrit le scénario de Mack Blaster – Die Welt im Fadenkreuz avec pour objectif de s’essayer aux ruptures de styles. Après être resté une année dans les tiroirs, le film entre enfin en production en 2014. Très vite, le projet s’avère plus lourd que prévu, en particulier pour le tournage. En effet, comme l’histoire se déroule en partie dans un désert, il a été nécessaire d’emmener l’équipe dans des lieux éloignés de la civilisation…
Le chasseur de primes sans pitié Mack Blaster traverse le désert aride dans un monde post-apocalyptique. Sur un mur de pierre délabré, il découvre l’avis de recherche, mort ou vif, du boucher Ringo Mack Man, célèbre pour ses crimes perpétués contre les femmes. Mettre un terme aux agissements de Ringo devient alors une question d’honneur pour Blaster. Sa quête le mène alors en ville où il doit affronter des gangs de motards, des mutants, et s’introduire dans un bordel dont la meneuse est la belle Bianca.
Pour Mack Blaster, René Schweitzer partage la direction avec Sebastian Utech, réalisateur de films publicitaires. Mack Blaster – Die Welt im Fadenkreuz (2014) a été sélectionné dans une pléthore de festivals à travers le monde, dont Tromadance, Dragon Con, Shriekfest, Pifan, Horror-on-Sea… Feu d’artifice de couleurs, effusions de sang à gogo, costumes et maquillages surréalistes, Mack Blaster – Die Welt im Fadenkreuz est un hommage référencé au cinéma de genre mais plus spécifiquement aux films débridés de Quentin Tarantino et en particulier sa période grindhouse. Les personnages principaux que l’on rencontre tout au long de son quart d’heure de métrage sont haut en couleurs. À l’instar d’un Django, Mack dispose même d’une superbe chanson chantée en son honneur, en début de métrage. Ce qui fait de lui un digne succédané du héros du film de Sergio Corbucci.
Dans un ascenseur, Tanja rencontre un étranger sournois qui se met en tête de la draguer avec des sous-entendus lourdingues. Fatiguée, elle décide de lui donner une leçon. Mais la morale se retourne finalement contre elle. Moqueur et de mauvais goût, Fahrstuhl réalisé en 2015 (ascenseur en allemand) nous apprend, dans un film très court d’à peine 5 minutes, que mettre à profit ses avantages n’est pas toujours judicieux.
Resolut (2016) est un projet mené par Alex Negret et René Schweitzer mais réalisé par huit réalisateurs au total. Chaque jour de tournage a vu se succéder un réalisateur et un cameraman différents. Resolut qui se voulait être le premier film allemand sur le viol et la vengeance se déroule dans une cellule où sont emprisonnées deux femmes. Lorsque l’une d’elles découvre que son compagnon de cellule est maltraité, elle s’empresse de demander de l’aide, mais pas à la bonne personne. L’ambiance sombre de ces dix minutes rappelle celle qui règne dans la partie confinée du Split de M. Night Shyamalan réalisé la même année. Mais le film de René Schweitzer est encore plus violent. Même si Resolut est surtout un exercice de style, son visionnage est plaisant.
Sub Umbra (2018) se déroule la nuit dans un complexe isolé. Un agent assure la sécurité de cet énorme bâtiment abandonné, qui abrite de surcroît un sombre secret. Avec Sub Umbra, René Schweitzer livre un court-métrage soigné esthétiquement et aussi mystérieux que Die Schwarze Kapelle, par exemple.
À travers ces courts-métrages se dessine une œuvre cohérente. Les films s’inscrivent dans des courants différents (found footage pour Die Schwarze Kapelle, fantastique pour Sub Umbra, western spaghetti avec Mack Blaster – Die Welt im Fadenkreuz…) tout en restant fidèle au cinéma de genre. On constate aussi une aisance avec le format court puisque les concepts scénaristiques s’appliquent à merveille au standard. Un amour du cinéma populaire et une véritable culture traverses les films de René Schweitzer.
Voici quelques liens pour découvrir les films :