L’Étoile du silence, divertir sans abrutir
Le premier film de science-fiction allemand est doté d’un budget conséquent pour l’époque et bénéficie de beaucoup d’attention et de soin lors de sa conception avec, en particulier, des effets spéciaux impressionnants.
Mais si L’Étoile du silence rencontre lors de sa sortie un succès important, ce n’est pas seulement grâce aux trucages créant l’atmosphère sinistre et surréaliste de Vénus…
Stanislas Lem est un écrivain polonais de science-fiction et d’essais sur la philosophie. Ses récits de science-fiction s’inspirent de sa passion pour la philosophie. Ainsi, il spécule sur la technologie, la nature de l’intelligence, l’éventuelle impossibilité de communiquer avec une intelligence extraterrestre et de la comprendre, le désespoir des limites humaines et la place de l’humanité dans l’univers. Le succès de ses livres est tel qu’il est peut-être l’écrivain de SF le plus lu au monde. Plusieurs films sont d’ailleurs tirés de son oeuvre. Outre l’Étoile du silence, le premier d’entre eux en 1960, Ikarie XB 1 du tchèque Jindrich Polák et Solaris d’Andreï Tarkovski sont probablement les plus remarquables.
Un étrange artefact composé de matériaux inconnus sur Terre est découvert dans le désert de Gobi. Des tests révèlent qu’il s’agit d’un appareil de communication qui ne peut venir que de Vénus. Une équipe composée de personnes de nationalités différentes (russe, américaine, nippone, allemande…) s’envole pour Vénus à bord du Cosmokrator 1. Après avoir traversé une pluie de météorites et perdu contact avec la Terre, l’équipage décode le message vénusien et découvre qu’il contient une déclaration de guerre : Vénus annonçait l’invasion de la Terre. Abasourdi, l’équipage décide malgré tout de poursuivre le périple…
Le film est une adaptation du roman Feu Vénus, écrit pour la jeunesse par le polonais Stanislas Lem et publié en 1951. Naïf et très optimiste, le livre imaginait des années 2000 idéalisées. Le film est tout aussi crédule en représentant diverses et multiples nationalités œuvrant ensemble dans le vaisseau spatial ; personne n’est oublié. Les américains, plus cyniques, ont remonté le film lors de son exploitation sur leur territoire sous le titre First Spaceship on Venus et seules les nationalités françaises et américaines furent conservées. Le film critique également ouvertement l’énergie nucléaire ; la bombe atomique étant considérée comme le niveau zéro de l’inventivité humaine. Ces réflexions ont naturellement été supprimées de la version américaine.
L’un des premiers effets spéciaux proposé par le film montre de petites araignées métalliques sauter grâce à des câbles très visibles. Cette séquence qui laisse présager un film particulièrement kitsch s’avère finalement trompeuse. Au contraire, L’Étoile Silencieuse s’avère brillante visuellement et tient la dragée haute à ses homologues américains tels que Planète Interdite ou Le jour où la Terre s’est arrêta. Rien à voir ici avec les paysages en carton-pâte de Star Trek. Ainsi, les décors psychédéliques et l’aspect de la surface de Vénus sont très originaux. La séquence où trois membres de l’équipage grimpent dans une tour pour échapper à une gelée noire évoquant le Blob est également impressionnante.
Plus qu’un film de propagande socialiste, L’Étoile du Silence tente de délivrer un message de paix, imaginant une coopération mondiale qui permettrait d’explorer l’univers.
Der Schweigende Stern RDA – 1960 Réalisation : Kurt Maetzig Interprètes : Yoko Tani, Oldrich Lukeš, Ignacy Machowski, Julius Ongewe, Michail N. Postnikow, Kurt Rackelmann, Günther Simon, Tang Hua-Ta, Lucyna Winnicka, Omani Mensah, Barbara Leonhard, Ruth-Maria Kubitschek…
Bande annonce en anglais :