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En 1990, Roland Emmerich a un objectif très clair lorsqu’il s’attelle à Moon 44 : Entrer coûte que coûte dans l’usine à rêves qu’est Hollywood.
Cette ambition ne date pas d’hier. Six années auparavant, déjà, il avait réalisé Le principe de l’Arche de Noé, confus et fastidieux, au succès inattendu, mais déjà un film de science-fiction étonnant pour une production ouest-allemande.
Les deux films suivants, Joey (1985) et Hollywood Monster (1987) s’adressent tous deux à un public adolescent et démontraient aussi la volonté de Roland Emmerich de ne pas se trouver relégué à la réalisation d’épisodes pour la célèbre série télévisée policière Tatort…
Des intentions claires avec Moon 44
Moon 44 est un véritable film de science-fiction… à l’américaine. Ainsi, le réalisateur exploite les peurs contemporaines pour décrire un avenir inquiétant, confronte des protagonistes que tout sépare, les oblige à s’entre-aider et à coopérer, valorise l’héroïsme et le sacrifice, utilise des effets spéciaux impressionnants appuyés par une musique grandiose… à l’américaine.
Nous découvrons l’année 2038, les ressources naturelles de la Terre sont épuisées, si bien qu’elles sont désormais prospectées sur des planètes et des lunes lointaines. Les multinationales se livrent une rude bataille pour gagner le droit d’exploiter les mines disponibles. La Galactic Mining Coporation par exemple, subit les attaques meurtrières d’un concurrent qui n’a pas froid aux yeux. Désormais, la Lune 44 est le dernier satellite que la compagnie exploite encore et il est donc vital qu’elle parvienne à préserver cette concession.
Pour défendre son bien, la société expédie sur le satellite des pilotes qui purgent une peine de prison auxquels on promet une réduction de peine.
Parmi eux se trouve un policier dur à cuire, infiltré pour enquêter sur des présomptions d’espionnage industriel.
Dans le complexe qui abrite les protagonistes du film, les tensions sont importantes. D’une part parce que le Sergent Sykes fait régner une discipline stricte, d’autre part parce que la cohabitation n’est pas facile entre les détenus et leurs navigateurs, de jeunes hackers spécialistes en informatique…
Moon 44 permet à Roland Emmerich de livrer un CV qui a dû épater les pontes hollywoodiens, suffisamment en tout cas pour qu’ils lui confient le fameux Universal Soldier, l’un des grands succès de Jean-Claude Van Damme en 1992.
Objectif : l’usine à rêves
Force est de constater que Roland Emmerich a véritablement réussi un exploit en livrant une série B typiquement américaine, malgré un budget de seulement sept millions de Deutsche Marks.
Le jeune réalisateur allemand y démontre, non seulement sa compréhension du cinéma américain, mais aussi son adresse pour contourner les limitations et maximiser les moyens mis à sa disposition.
Par exemple, il exploite astucieusement la lumière pour mettre en avant les éléments importants du décor et en retrait ce qui s’avère moins réussi.
Moon 44 étonne ainsi par son ambiance… Ainsi, même s’il s’agit d’un huis clos se déroulant dans une station spatiale figée sur une lune inhospitalière, jamais le film ne permet de se rendre compte qu’il s’agit, en fin de compte, d’une usine de chars abandonnée.
Les couloirs sombres et humides, les appareils usés, les murs encombrés de gros câbles entortillés les uns dans les autres, les numéros de code incompréhensibles… On pense à Aliens pour l’atmosphère claustrophobe ; Moon 44 ne fait vraiment pas misérable à côté.
Les effets spéciaux, quant à eux, sont tout simplement excellents. Et les maquettes de stations orbitales et autres vaisseaux avancent majestueusement dans le ciel étoilé de l’espace infini… Pour leur part, les combats sidéraux entre les vaisseaux rappellent affectueusement La Guerre des Étoiles.
Non seulement Roland Emmerich sait exploiter ses décors minimalistes, mais il fait également preuve d’un talent certain pour composer un casting pertinent. Certes, ils sont tous plus ou moins en perte de vitesse, mais c’est avec plaisir que l’on retrouve ces visages familiers de l’époque, qu’il s’agisse de Malcolm McDowell (Orange Mécanique), Michael Paré (Philadelphia Experiment, Les rues de feu) ou même de Stephen Geoffreys (Vampire, vous avez dit vampire ?).
Des protagonistes caricaturaux, mais qui sonnent juste
Ainsi, Michael Paré livre une belle déclinaison de Snake Plissken, l’inoubliable héros de New York 1997. Leon Rippy est un sergent trop sévère mais aussi un raté. Avec sa carrure de bodybuildé pas commode, Brian Thompson incarne un méchant à double tranchant puisque littéraire. Dean Devlin, de son côté, est un jeune génie de l’informatique doté d’une grande sensibilité humaine. Sa collaboration avec Roland Emmerich sera particulièrement fructueuse sur le plan financier grâce à sa contribution à Independence Day, Stargate, Godzilla… Stephen Geoffreys est, comme à son habitude, particulièrement excentrique ; cette fois-ci, il incarne un dealer de drogues.
Camper correctement ces protagonistes et les antagonismes qui les animent était très important. En effet, les conflits qui les opposent représentent le principal moteur du film. D’ailleurs, plus qu’un film de SF, Moon 44 un véritable film humain. Dans ce contexte, l’idée de faire s’affronter des génies de l’informatique et des taulards dur à cuire s’avère particulièrement réussie, permettant de générer tout au long du métrage des tensions et un tempo qui ne se relâche jamais.
Les deux principaux réalisateurs allemands à s’être expatriés à cette époque sont Wolfgang Petersen et Roland Emmerich. Tous les deux ont fait une carrière dans le divertissement. Mais, chez Emmerich, on ne trouve pas dans ses œuvres les considérations d’un Wolgang Petersen. En effet, le divertissement est la raison d’être de ses films. Ses qualités de metteur en scène, déjà bien présentes dans Moon 44, seront sublimées dans ses productions futures bien connues qu’il mettra en chantier à peine quelques années plus tard.
Allemagne – 1990 – Réalisation : Roland Emmerich – Inteprètes : Michael Paré, Lisa Eichhorn, Dean Devlin, Brian Thompson, Malcolm McDowell, Stephen Geoffreys…
Bande annonce
Le mot de l’éditeur
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