The Wolf de David Brückner : Bloody Bird revisité
The Wolf de David Brückner est un slasher dont les protagonistes sont les membres d’une troupe de théâtre en répétition, ainsi qu’un assassin portant un masque d’animal.
Bien sûr, Bloody Bird nous vient automatiquement à l’esprit, d’autant plus que le film partage d’autres points communs avec le petit chef-d’œuvre italien, à savoir la même unité de temps (une nuit) et de lieu (les coulisses d’un théâtre).
Quoi qu’il en soit, si le film de David Brücker n’est pas aussi créatif que celui de Michele Soavi, il n’a, pour autant, pas à rougir sur le plan visuel…
Pour Halloween, une troupe de théâtre a prévu de transposer sur scène une version familiale du conte Le loup et les sept chevreaux des frères Grimm. Comme l’équipe accuse un peu de retard, quelques acteurs et techniciens acceptent de faire des heures supplémentaires. Parmi eux s’est glissé un psychopathe. Déguisé en loup, il entreprend de décimer les membres de la troupe les uns après les autres.
Délimiter l’histoire à un lieu bien défini est un avantage indéniable pour éviter les mauvaises surprises et autres imprévus qui empoisonnent la vie lors d’un tournage. Cela laisse aussi plus de temps pour soigner les finitions. David Brückner pourra probablement en témoigner car il livre une oeuvre qui flatte agréablement l’oeil.
En effet, bien qu’il s’agisse d’un film indépendant, The Wolf est visuellement très soigné. Certains plans au format cinémascope sont même de toute beauté. Les scènes de dialogues bénéficient ainsi d’un merveilleux cadre qui exploite également les décors du théâtre plutôt originaux. Les scènes sont par ailleurs superbement éclairées ; les teintes rouges, vertes et orangées sont prépondérantes dans le film.
Revers de médaille
Le spectateur peut cependant avoir l’impression que David Brückner a privilégié le visuel plutôt que le rythme…
Les dialogues, par exemple, ne sont pas franchement passionnants… Ce n’est pas forcément une surprise non plus car les personnages sont plutôt convenus. Les deux garçons assurant l’aspect comique du film forment même un duo plus irritant que comique.
De même, les meurtres cadencent le film mais ne sont pas suffisamment spectaculaires pour apporter du tempo à l’histoire.
Ainsi, le gore se limite à quelques éclaboussures de sang, et l’érotisme à un simple décolleté… D’aucuns diront que The Wolf souffre d’une certaine frilosité.
Par ailleurs, le traitement du support original, un conte des frères Grimm, déçoit également. En effet, le scénario ne l’exploite que superficiellement, alors qu’il aurait peut-être pu en tirer des idées pour cadencer les événements.
En revanche, l’apparence du tueur étonne, surprend, effraie. Le masque est aussi beau que terrifiant ; il fait partie des atouts non négligeables du film de David Brückner.
Bouquet final
Lors de son dénouement, The Wolf prend des risques et s’avère alors plus surprenant qu’escompté. Dès lors, le film se transforme en une sorte de descente aux enfers vertigineuse avec des révélations imprévisibles et surprenantes.
L’action quitte donc l’ambiance cossue des coulisses du théâtre pour s’installer dans une sombre crypte, tranchant agréablement avec l’ambiance qui régnait jusqu’alors…
Peut-être que les cinéphiles avides d’audace ne se satisferont pas des passages plus convenus du début du film. Néanmoins, tout a été mis en œuvre lors de la conception de The Wolf pour livrer au spectateur un film résolument professionnel. L’interprétation, la photographie, la musique et la réalisation tiennent parfaitement la route pour cette œuvre amateure.
The Wolf
Allemagne – 2021
Réalisation : David Brückner
Interprètes : Robin Czerny, Wolfgang Riehm, Kiana Klysch, Marta Shkop, Sabine Heinen, Robin Leo Hoffmann