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Le trésor des montagnes bleues – Winnetou carte postale

Neuf mois après l’épisode précédent, Le trésor des montagnes bleues s’impose comme l’un des meilleurs opus de la saga Winnetou. Le film a d’ailleurs été récompensé par de nombreux prix, comme le Goldene Leinwand, prix décerné aux réussites commerciales ou le Bambi du meilleur acteur pour Pierre Brice… Le succès public est tel qu’un troisième épisode sera d’ailleurs produit par la suite.

Le trésor des montagnes bleues - Winnetou carte postale

Les visages pâles et les peaux rouges sont en guerre. Heureusement, l’Indien Winnetou et son ami Old Shatterhand parviennent à trouver un accord entre les colons blancs et les différentes tribus indiennes. L’Amérique est assurément assez grande pour tout le monde ! Cependant, l’avidité du truand Forrester met les négociations en péril. En effet, le malfrat veut mettre la main sur les réserves pétrolières des régions sur lesquelles vivent les Indiens. Or, la paix n’arrange pas ses affaires. En conséquence, il fomente un complot afin de faire accuser les Indiens d’un massacre qu’il a lui-même commis.

Le trésor des montagnes bleues bénéficie d’un rythme élevé nourri de nombreux rebondissements. L’intrigue s’avère riche en événements divers et variés, à chaque fois marqués par quelques éléments remarquables.

Et dans ce domaine, les décors se révèlent tout simplement fastueux. Difficile de passer à côté…

Les paysages issus de l’ancienne Yougoslavie sont effectivement splendides et brillamment capturés par la caméra de Harald Reinl… Cascades, vastes plaines, lacs majestueux, douces collines, sommets montagneux enneigés, grottes aux couleurs éclatantes et autres profondes vallées ravissent les yeux et offrent un dépaysement authentique. Le cinémascope est un régal pour les yeux.

Le trésor des montagnes bleues - Winnetou carte postale

L’opulence du film s’affiche également lors de ces belles et grandes chevauchées dans les plaines et au milieu des rochers. Figurants et chevaux sont en nombre. Quelques explosions, impressionnantes, déclenchées dans l’antre des bandits installés dans une ancienne carrière désaffectée, provoquaient inévitablement des manifestations d’admiration auprès du public de l’époque. Aujourd’hui, elles offrent de jolies images grâce à des couleurs flamboyantes.

La lutte du Bien contre le Mal est assurément le thème principal du film de Harald Reinl. Pour ce qui est de l’ordure de service, Le trésor des montagnes bleues en tient une belle. Le personnage malfaisant n’hésite pas à massacrer femmes et enfants pour déterrer la hache de guerre afin que visages pâles et peaux rouges continuent de s’entre-tuer. La providence, incapable de séparer l’acteur du personnage, sera sans pitié avec Anthony Steel. En effet, l’acteur britannique, qui connut son heure de gloire dans les années 50 à l’occasion de films comme Le vagabond des mers avec Errol Flynn, a terminé son existence dans la misère.

Pour commettre ses tristes méfaits, Steel bénéfice de l’appui de Klaus Kinski. L’acteur allemand dispose d’un temps de présence à l’écran limité mais fait néanmoins le travail. Les occasions qui pourraient lui permettre de démontrer son talent sont peu nombreuses, certes, mais le scénario parvient à présenter avec habilité ce personnage parfaitement haïssable. Dès sa première apparition, le dialoguiste cerne le larron en l’invitant à déclarer « Qu’un bon Indien est un Indien mort ». Plus loin, il ment éhontément avec pour seul objectif d’attiser la haine des Blancs. Brutal et sans scrupules, mais aussi ingénieux et sadique, voire psychopathe, le personnage de Klaus Kinski apparaît même plus dangereux encore que son patron, qui a au moins l’excuse de la cupidité…

Le trésor des montagnes bleues - Winnetou carte postale

Dans l’autre camp, les bons sont incarnés par l’Indien Winnetou et Old Shatterhand. Tous deux démontrent constamment la pureté de leurs intentions.

Old Shatterhand est un aventurier au grand coeur qui combat pour la bonne cause. Sans poser de question, il est prêt à prendre tous les risques. Il arrive souvent en dernier recours et peut sembler en retrait vis-à-vis de son ami indien. Il en est tout autrement pour Winnetou, le parfait héros aux grands idéaux.

Le héros parfait, certes, mais à demi. Il affiche effectivement parfois un certain sexisme. Comme lorsqu’il fait la leçon à Karin Dor incarnant le personnage de Ribanna maniant arc et flèches… Winnetou n’aime pas voir une arme entre les mains d’une femme. Une femme des années 60 se retient poliment de répondre, se contentant, comme attendu par les hommes, de briller par sa beauté. La même femme, 60 ans plus tard, lui rétorquerait : « Je comprends. Car, comme tout le monde le sait, une arme dans les mains d’une femme, c’est dangereux pour les hommes. C’est pourquoi vous préférez nous voir manipuler des casseroles. »

Le trésor des montagnes bleues - Winnetou carte postale

La morale est néanmoins sauve. En effet, et contre toute attente, la belle Karin Dor préférera finalement les yeux bleus du futur acolyte de Bud Spencer, Terence Hill, tout jeunot et tout mignon, inscrit au générique sous le nom de Mario Girotti…

Winnetou se retrouve le bec dans l’eau mais ne pas va pas en faire tout un drame. En effet, il renonce à la belle parce que les chefs des tribus indiennes ont demandé un mariage interethnique pour la paix entre les peuples.

Cet élément, pas aussi anodin qu’il y paraît, permet au film d’ambitionner une petite portée politique. Bien sûr, puisqu’il s’agit, ici, de démontrer que Winnetou est forcément plus concerné par l’avenir de son territoire, et donc plus apte à accepter des sacrifices, que son ami visage pâle expatrié.

Film familial, Le trésor des montagnes bleues bénéficie, enfin, d’un apport comique avec la présence d’Eddie Arent. L’acteur est habitué à jouer ce genre de rôle, ne serait-ce que par le biais des innombrables Edgar Wallace auxquels il a participé. Ses interventions apparaissent quelque peu datées, mais nous sommes dans un film excessivement naïf auquel on ne tiendra pas rigueur. Reste à savoir si les petites têtes blondes ne préféreront pas regarder un film de super-héros plutôt qu’un flamboyant film des années 60.


Allemagne, France, Italien, Yougoslavie
- 1964 - Harald Reinl
Titres alternatifs : Winnetou II
Interprètes : Lex Barker, Pierre Brice, Anthony Steel, Karin Dor, Klaus Kinski, Renato Baldini, Terence Hill...


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Article signé André Quintaine
D'origine allemande et passionné de cinéma de genre,
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du cinéma allemand sur ThrillerAllee.
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