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En 2015, Sebastian Schipper filme Victoria en une seule et unique prise. La technique employée permet d’impliquer admirablement le spectateur dans la romance pour lui faire vivre des émotions fortes, d’autant plus que le film passe sans prévenir de la comédie dramatique au film d’action puis au thriller. À la fin de l’aventure, l’ascenseur émotionnel laisse le spectateur sans voix et à bout de souffle. En 2023, Home Sweet Home: Where Evil Lives exploite la même technique mais, cette fois-ci, pas de romance en vue puisqu’il s’agit de fantastique et de terreur plus ou moins pure…
Enceinte, Maria emménage dans la maison de campagne de sa belle-famille. Là, seule au milieu de la cambrousse, elle attend son mari Viktor, qui tarde à revenir du bureau. Lorsque les plombs sautent, la future maman n’a pas d’autre choix que de partir à la recherche du disjoncteur pour rétablir le courant. Dans la cave, elle se retrouve devant un dédale de couloirs qu’elle explore minutieusement à la recherche du tableau électrique. À la place, Maria découvre, derrière une vieille commode, une pièce cachée remplie de bibelots provenant de l’époque coloniale africaine. Sur une étagère, un journal intime écrit par un aïeul de la famille met la puce à oreille du spectateur sur les intentions du scénariste…
En effet, à partir de ce moment-là, le nœud du problème risque malheureusement d’apparaître assez évident pour certains qui devineront la grande révélation de Home Sweet Home une bonne demi-heure avant la fin du métrage. C’est plutôt ennuyeux, mais le film a aussi l’intelligence de rappeler que les crimes de l’Allemagne ne se limitent pas à la période nazie. Est ainsi évoqué un autre génocide, celui des Herero et des Nama, dans le sud-ouest de l’Afrique de 1904 à 1908…
En outre, ce n’est probablement pas un hasard si le film se déroule dans la demeure bourgeoise d’une vieille famille allemande et que le titre du métrage soit sous-titré « Où vit le mal ». En effet, ces deux éléments permettent à Thomas Sieben de ne pas seulement condamner, mais aussi de pointer du doigt ceux pour qui le crime paie le plus.
Pour ces raisons, Home Sweet Home est un film qui fait honneur au fantastique même si, malheureusement, les effets de terreur que laissait présager la technique employée pour la narration ne sont malheureusement pas au rendez-vous. L’anticipation de la révélation finale fait beaucoup de mal au suspens, empêchant la tension de s’installer et limitant l’immersion dans l’histoire. La déception est grande pour un film finalement assez proche d’un found footage comme Le Projet Blair Witch (1999).
Mais au moins, l’ennui ne s’installe pas. Et cela grâce à plusieurs diversions prévues par le scénario, comme l’introduction d’une amie de l’héroïne, l’errance dans le sous-sol de la ferme dont les couloirs plâtrés, détonnant avec l’aspect moderne de la ferme, évoquent ces gialli des années 70, ou encore les apparitions de fantômes rejouant les actes répréhensibles survenus dans la colonie africaine, mais cette fois-ci dans le jardin même de la propriété des nantis. Des séquences joliment mises en scène, d’une manière suffisamment innovante pour conférer un aspect surréaliste au métrage.
Bénéficiant d’un casting chevronné avec, entre autres, Justus von Dohnányi, acteur depuis 1990 ayant fait des apparitions remarquées dans L’Expérience (2001) et La Chute (2004), Thomas Sieben livre un film que l’on ne peut pas qualifier de réussi, mais reste riche de bonnes intentions. Suffisamment en tout cas pour que le spectateur s’intéresse à ce réalisateur qui, après Comme des proies (2021), un survival où cinq amis se retrouvent la cible d’un assassin, ou Kidnapping Stella (2019), remake de La disparition d’Alice Creed (2009), semble avoir l’intention de se dédier au cinéma de genre avec des ambitions certaines.
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