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Le Mariage de Maria Braun fait partie de ces films qu’il faut « avoir vu avant de mourir ». Mais le chef-d’oeuvre de Rainer Werner Fassbinder est aussi l’un de ceux qui ont le plus bouleversé les spectateurs allemands au moment de leur sortie. Probablement parce que son histoire d’amour dépasse son statut de mélodrame en proposant une rétrospective désabusée et pessimiste de l’après-guerre…
À peine Maria a-t-elle épousé Hermann qu’elle voit son homme partir sur le front. Lorsque la jeune femme apprend que son mari est déclaré mort sur le champ d’honneur, elle se retrouve seule dans une Allemagne en ruine. Maria doit alors prendre sa vie en main et user de tous ses atouts pour gravir les échelons…
Le Mariage de Maria Braun propose un certain aspect du féminisme. Celui qui refuse les quotas ou les lois qui mettent les femmes sous tutelle des hommes. Ainsi, même dans un pays occupé, Maria n’a pas peur de renvoyer dans ses 22 un troufion américain qui se croit un peu trop en terrain conquis.
Volontaire, émancipée, indépendante, Maria s’impatiente et s’agace de la mollesse des hommes et, dans ce sens, symbolise surtout la jeune république fédérale allemande. Autrement dit, alors que les hommes se font rares à la sortie de la guerre, c’est l’ascension de ces femmes résolues qui permet au pays de retrouver sa prospérité économique. Une prouesse qui, toutefois, ne se fait pas sans sacrifice puisque Maria refusera de se remarier.
Un renoncement d’autant plus amer que les femmes devront finalement faire place nette lorsqu’émergeront les hommes de la génération suivante. La désillusion se voit symbolisée, lors de la conclusion du film, par le commentateur de la finale de la coupe du monde de football de 1954 que l’on entend en fond sonore. En liesse lors du coup de sifflet final d’un match voyant les hommes de la Mannschaft l’emporter, le journaliste s’écrie : « Aus, aus, aus, das Spiel ist aus ! ». Littéralement : « C’est fini, la partie est terminée ! ». Autrement dit, cette victoire met symboliquement sur la touche Maria et toute la gent féminine. Ainsi, comme toutes les femmes, Maria subit l’histoire avec grand H écrite par les hommes.
En incarnant Maria, Hanna Schygulla livre une prestation splendide, elle que l’on peut encore voir sur grand écran de nos jours, en vieille comtesse émancipée dans Pauvres Créatures (2023).
Premier volet de la trilogie allemande de Fassbinder, suivi par Lola, une femme allemande (1981) et Le Secret de Veronika Voss (1982), Le Mariage de Maria Braun est à la fois un drame, un film d’auteur mais aussi un film grand public. L’histoire de cette femme qui se débat durant l’Allemagne d’après-guerre se suit comme une grande aventure. En effet, les événements qui rythment la vie de Maria s’avèrent forcément romanesques dans ce pays à reconstruire où l’on trouve toutes sortes de personnages pittoresques. Inévitablement, l’histoire parle aussi aux Allemands qui ont vécu cette époque. En salles, le film, qui adapte un roman également publié sous la forme d’un feuilleton dans un magazine à grand tirage outre-Rhin, restera vingt semaines à l’affiche et représentera le plus grand succès public de Fassbinder.
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