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Durant près de 100 minutes, Terre brûlée propose une plongée concrète dans le monde atypique de braqueurs d’objets de collection. Mais surtout, pour la crédibilité, le film de Thomas Arslan mise sur l’austérité et fait l’impasse sur les protagonistes cool, flambant l’argent qu’ils ont gagné illégalement dans des boîtes de nuit de la capitale.
À la place, Terre brûle dresse un portrait mélancolique de personnages communs, trimant dans un métier qui, lui, ne l’est pas. À leur expression éteinte, il apparaît évident que le gagne-pain des hors-la-loi ne les passionne pas. Mais il faut bien que quelqu’un fasse le boulot.

Par dessus le marché, l’argent bien mal engrangé par les malfaiteurs à l’occasion de leurs méfaits ne leur assure même pas la grande vie ! Pour l’un, au mieux, les gains permettent d’honorer les traites du restaurant, ce qu’il aurait été tout aussi aisé de satisfaire en accomplissant ses huit heures de corvées quotidiennes. Trojan est un autre protagoniste de Terre brûlée dont l’existence s’avère tout aussi pitoyable puisque, sans attache, le quarantenaire loge dans les chambres d’hôtel impersonnelles des villes qu’il fréquente au gré de ses missions. Dans ce contexte, difficile d’élaborer une vie intime. D’ailleurs, le premier dialogue auquel participe Trojan et qui ne concerne pas son travail n’arrive qu’après une heure de métrage.
L’absence de sens dans le quotidien des protagonistes aurait pu desservir la dramaturgie mais constitue finalement la dynamique même de Terre brûlée qui, par un tour de force, offre une histoire riche et passionnante. Rarement aura-t-il été aussi captivant de regarder sous une pierre pour y voir les vies qui y pullulent. Ainsi, c’est sidéré que l’on découvre les à-côtés du milieu… Les musées qui disposent de procédures bien rodées pour récupérer les tableaux subtilisés… Le métier d’avocat qui s’apparente parfois à celui d’agent secret dès lors qu’il s’agit de négocier avec des truands… Que la calamité dans le monde du braquage professionnel est la même que dans n’importe quel autre commerce : ces fichus clients qui refusent de payer à la livraison…

Pour le cadre, Terre brûlée s’installe dans la ville de Berlin, mais pas sur les boulevards qui attirent les touristes comme l’avenue Unter den Linden, le « Champs Élysées » de la capitale allemande. Comme Terre brûlé parle de travail, l’histoire s’installe logiquement dans des ZAC ou des immeubles de bureaux. L’ensemble offre un rendu grisâtre, uniquement coloré par le brun clair des feuilles mortes.
Au final, une vie grise comme l’argent… Ce n’est probablement pas un hasard si, dans ce contexte, l’art se voit dépouillé de sa fonction d’éclosion des passions, de partage des émotions, d’embellissement du quotidien. Dans Terre brûlée, une peinture se voit reléguée au statut de magot ou de butin à dérober pour remplir un contrat qui rapportera de l’argent bien futile.
Atmosphère sombre, intrigues complexes et personnages moralement ambigus, Terre brûlée s’inscrit, en définitif, dans la tradition du film noir. Dès lors, à travers ses personnages ternes, exécutant leurs tâches de manière mécanique, sans passion, dépossédés de ce qui constitue leur être essentiel et de leur raison d’être et de vivre, il décrit aussi et surtout un processus d’aliénation.
Informations complémentaires :
Suite de Im Schatten sorti en 2010, Terre brûlée pourra se laisser apprécier sans avoir pris la peine de faire connaissance avec le film précédent.
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