
En 1968 sort dans les salles 2001 L’Odyssée de l’espace, film épique doté, pour l’époque, d’effets spéciaux impressionnants et d’une mise en scène inhabituelle. Signal – Une aventure dans l’espace est tout simplement la réponse est-allemande au film de Stanley Kubrick, égalant le classique de la science-fiction dans plusieurs domaines, et pas seulement en se révélant monumentalement ennuyeux.
Toutefois, Signal – Une aventure dans l’espace ressemble finalement beaucoup plus à un autre modèle de la SF américaine. En effet, l’agencement de la salle de pilotage s’avère très proche de celui conçu pour l’Enterprise de la série Star Trek (1966-1969). Par ailleurs, l’équipage qui prend place dans les fauteuils se révèle également composé de personnes issues de différentes origines. Sauf que pour respecter le sacro-saint réalisme exigé par les auteurs de Signal, l’ascendance des héros du film est-allemand est exclusivement terrestre…
Au final, si Stanley Kubrick évoque des thématiques importantes comme l’évolution humaine dans son chef-d’oeuvre et que Star Trek met en avant l’exploration et la découverte, Signal, pour sa part, s’affaire à dépeindre mollement le quotidien routinier sévissant dans une station spatiale.
Pourtant, le moteur de l’intrigue aurait pu être le sauvetage d’un vaisseau complet de la flotte spatiale humaine, tragiquement disparu sans laisser de trace. Ce ne sera pas le cas puisque le couronnement de l’opération ne fait aucun doute. Au point que personne ne s’émeut du sort des naufragés.
Dès lors, la fameuse aventure promise par le titre du film se consacre intégralement aux corvées de la vie courante des astronautes. Et, contrairement aux missions spatiales retracées dans les films américains, les vaisseaux spatiaux est-allemand s’avèrent d’excellente constitution. En conséquence, jamais une panne ou un matériel défectueux convient les mécaniciens à faire acte de bravoure qui, à la place, s’activent à machinalement manœuvrer les machines.
L’équipe sélectionnée s’avère, en outre, fort compétente. Chacun reste au poste où il excelle et ne commet donc aucune erreur. Les décideurs font toujours les bons arbitrages et les doigts de ceux qui appuient sur les boutons ne ripent jamais au moment d’exercer une pression. Cette organisation permet à tout le monde de travailler en toute efficacité, ainsi que dans la bonne humeur.
En effet, entièrement dévoués au modèle socialiste, les protagonistes ne se montrent jamais titillés par l’envie, l’ambition ou la convoitise. Autant de sentiments grossiers, certes, mais permettant parfois d’heureux rebondissements, à base de trahison par exemple. Les membres de l’équipage ne connaissent même pas le stress au travail. En clair, tout roule comme sur des roulettes, même dans l’espace. Le scénariste applique à la lettre la célèbre formule d’Hannibal dans L’Agence tout risques : « J’adore quand un plan se déroule sans accroc ».
Sauf que, la réplique est évidemment à prendre au second degré. Le piquant dans la vie, et dans les films, c’est justement quand ça ne se passe pas comme c’était prévu. C’est quand il faut s’adapter aux coups de théâtre que l’adrénaline monte. Il faut alors agir en conséquence, prouver ses capacités d’adaptation. Malheureusement, l’imprévu n’est visiblement pas envisageable dans une société centralisée et organisée comme celle de la RDA, à l’origine de Signal – Une aventure dans l’espace.
En vrai, on aimerait tant que la jolie Juena fasse du gringue à son supérieur pour monter dans la hiérarchie, que Pawel manigance pour prendre la place de son commandant, que l’on découvre que Terry est en réalité un espion prêt à saboter la mission pour la grandeur du capitalisme mais non, rien de tout ça dans Signal – Une aventure dans l’espace.
Toutefois, grâce à la photo soignée de Otto Hanisch, ainsi qu’aux effets spéciaux bluffants de Stanislaw Dülz et de Kurt Marks, Gottfried Kolditz livre un film d’une grande beauté lui qui, quelques années plus tard, signera un bien plus surprenant et psychédélique Dans la poussière des étoiles.
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Dans la poussière des étoiles – psychédélique fabriqué en RDA