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Ruralité, superstition, crainte diffuse… Milk Teeth peut sans problème revendiquer son appartenance au folk horror, sous-genre actuellement très tendance. Toutefois, le film de Sophia Bösch préfère creuser son sillon dans le drame plutôt que l’horreur, ce qui va se révéler une très bonne chose…
L’histoire se déroule dans une communauté recluse. Skalde vit avec sa mère. Cette dernière a pris la mauvaise habitude d’accueillir les chiens errants que sa fille se résigne, chaque fois, à ramener dans la forêt. Un jour, cependant, c’est une petite fille que Skalde trouve à la porte de la maison. D’où vient-elle ? Et surtout, comment a-t-elle pu traverser la frontière ? C’est louche, assurément. Suffisamment en tout cas pour craindre qu’elle mette en danger la communauté…
Milk Teeth est l’adaptation du roman Les dents de lait écrit par Helene Bukowski et paru en 2019. Disponible en français, le best-seller allemand se situe entre conte et dystopie. À une époque indéfinie où règnent sécheresse et grisaille quotidiennes, l’histoire raconte la vie dans un village qui s’est isolé du reste du monde afin de se protéger du chaos.
Le film adopte l’idée de départ du roman pour livrer, de façon surprenante, une œuvre empreinte d’une thématique assez différente. Ainsi, le métrage n’offre aucune explication concernant la situation du petit village, dédaignant le sujet du réchauffement climatique. En négligeant d’adapter fidèlement le roman, Sophia Bösch refuse également d’éclaircir les origines de la petite fille… Est-elle l’espionne infiltrée d’une communauté extérieure, comme certains le prétendent ? Se pourrait-il qu’elle soit un messager du Diable ? La gamine serait-elle responsable de la mort des animaux dont les cadavres ont été découverts dans la forêt ? Finalement, la réponse à ces questions importe peu. La menace qu’elle représente s’avère sans commune mesure avec le danger, bien plus pernicieux, de ce que la peur fait de nous.
En effet, alors que les autochtones s’inquiètent du malheur que fait planer l’enfant sur la communauté, tout le monde ou presque, en oublie l’épreuve que devait représenter un voyage à travers la forêt en pleine nuit pour une gamine de son âge… À la place, on préfère ériger des lois grotesques fondées sur l’absence de dents de lait afin de démontrer la non-appartenance de l’intruse à la communauté et donc justifier son expulsion au-delà des frontières du village.
L’important, pour les autochtones est de conserver l’existant et en particulier l’opulence dans laquelle ils vivent, comme en témoignent les maisons de maître dans lesquelles ils se sont installés. De belles propriétés, entourées de végétation luxuriante, mais également très éloignées les unes des autres, symbolisant ainsi solitude et individualisme.
C’est donc avec une simplicité effarante et indiscutable que Milk Teeth démontre à quel point la peur favorise l’émergence de lois inhumaines se basant sur des superstitions qui n’ont pas lieu d’être. La leçon, délivrée avec force et persuasion, n’a rien de futile ou d’extravagante dans une Allemagne contemporaine se trouvant sous la coupe d’un chancelier qui se plaît à placer sa police aux frontières du pays et à défier ainsi l’espace Schengen.
Même auréolée de prix divers et variés, Sophia Bösch n’a à son actif qu’une poignée de courts-métrages. Pour autant, courageuse, elle prend le prend le risque d’offusquer le spectateur en refusant de répondre à toutes les questions, comptant même sur lui pour accepter le monde qu’elle a imaginé. L’effort n’a rien d’insurmontable, grâce à un scénario malin et intrigant. La réalisatrice peut également s’appuyer sur un casting, certes sans grande star, mais néanmoins solide. À l’instar de Ulrich Matthes qui joue le doyen de la communauté censé incarner bon sens et sagesse et qui, finalement, représente un danger de tout instant. Des acteurs avec des personnalités fortes, capables de donner vie à cette communauté diverse et variée, et dont l’élément le plus caractéristique est le refoulement des émotions et de l’empathie.
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